Le bâillement est sans aucun doute l’un des réflexes les plus ancrés. Que nous soyons fatigués, ennuyés, affamés ou au contraire rassasiés, nous bâillons inévitablement. Si bien des situations nous conduisent à bâiller, à quoi sert ce réflexe ? A-t-il une réelle utilité pour notre organisme ?
Si ce n’est pas pour oxygéner le cerveau, pourquoi bâille-t-on ?
Le bâillement est un réflexe physiologique universel, que nous partageons avec les animaux. L’ensemble des vertébrés évoluant dans l’eau, sur terre et dans les airs bâillent. Au cours de l’évolution, le bâillement n’a jamais disparu ; preuve qu’il possède une utilité bien réelle ? Hippocrate se posait d’ailleurs déjà la question, dès l’Antiquité. Le médecin grec estimait que le bâillement était dû à une contraction involontaire destinée à évacuer la fièvre.
Quant à Joannes de Gorter, médecin néerlandais du 18e siècle, il pensait que le fait de bâiller permettait au cerveau de s’oxygéner en augmentant la pression sanguine. Une théorie qui persiste encore, bien qu’elle s’avère fausse.
Mais alors, pourquoi bâille-t-on ?
Malgré les progrès de la médecin moderne, les chercheurs ont bien du mal à déterminer l’utilité exacte du bâillement. Pour le Dr Walusinski, ce réflexe de la nuit des temps permettrait de « stimuler notre vigilance », explique-t-il au Figaro. Etant donné que le bâillement est associé à l’arrivée du sommeil, il se pourrait que bâiller serve à éliminer « plusieurs facteurs somnogènes accumulés dans le liquide céphalorachidien ».
S’il n’est donc pas possible de savoir avec précision pourquoi nous bâillons, les circonstances semblent plus claires. D’après les chercheurs, nous déclenchons ce réflexe lorsque nous sommes fatigués, ennuyés, mais également anxieux. Bâiller permettrait alors de retrouver le calme après un moment stressent.
Pourquoi a-t-on envie de bâiller lorsque quelqu’un d’autre bâille ?
Vous voyez quelqu’un bâiller et vous avez irrémédiablement envie de faire de même ? Le bâillement est en effet communicatif ! Un phénomène qui se nomme « l’échokinésie du bâillement », explique le site Doctissimo. Les fameux neurones miroirs en seraient la cause.
En 2003, Riitta Hari et Martin Schurmann, chercheurs à l’université des technologies d’Helsinki en Finlande, ont présenté les résultats d’une étude. Ils ont constaté que le fait de regarder quelqu’un bâiller active la zone situé au niveau du sillon temporal supérieur, où se situe les neurones miroirs.
Ce type de neurones a été découvert en 1996 par des neurologues italiens. Ces derniers s’activent dans notre cerveau dès que nous regardons une personne effectuer une action. Chez le sujet observé, ces mêmes neurones s’activent ! C’est pourquoi lorsqu’un sujet bâille et que nous le voyons faire, nous avons tant envie de faire de même.
Il est intéressant de noter que certaines personnes n’ont pas forcément envie de bâiller face à une personne qui le fait. Cela serait alors le signe d’un manque d’empathie. En effet, les chercheurs estiment que le rôle des neurones miroirs dans l’empathie est primordial. Ainsi, selon une étude réalisée en 2015 sur 135 étudiants, ne pas réagir quand une personne bâille serait bien le signe d’un manque d’empathie. Ces personnes dont les neurones miroirs fonctionnent moins bien seraient ainsi plus égoïstes et moins sociables que les autres.
Faites le test : essayez de regarder cette vidéo sans avoir envie de bâiller. Si vous y parvenez, peut-être manquez-vous d’empathie ?