Après 33 semaines de gestation, Déborah a donné naissance à une fillette d’un kilo et 845 grammes. Il s’agit d’une première en France, puisque le bébé a été porté dans un utérus greffé, annonce ce mercredi l’hôpital Foch de Suresnes. Ce type de greffe a déjà permis la naissance d’autres bébés dans le monde.
Déborah reçoit l’utérus de sa mère
La mère, Déborah, est âgée de 36 ans. En mars 2019, elle avait bénéficié de la première greffe d’utérus réalisée en France. L’organe provenait d’une personne vivante : sa mère, Brigitte. Âgée de 57 ans, celle-ci avait accepté de faire don de son utérus à sa fille.
Suivie par les caméras de Zone Interdite en 2018, Déborah faisait part de la difficulté de se construire en tant que femme, lorsque l’on nait sans utérus. Pour sa part, sa mère confiait se sentir coupable de ne pas avoir mis au monde une petite fille dotée de cet organe essentiel à la reproduction. En effet, Déborah est atteinte du syndrome de Rokitansky (MRKH), qui touche environ une femme sur 4500.
Après la greffe, Déborah a dû attendre un an, « pour être sûr que l’utérus greffé ne soit pas rejeté », précisait le professeur Ayoubi auprès de BFMTV. Les équipes médicales ont ensuite été retardées par l’arrivée du virus en France et les conséquences de la crise sanitaire. Finalement, « le premier transfert a eu lieu en juillet dernier » et Déborah a été enceinte, précise le professeur.
Déborah souhaite un second enfant, sa greffe d’utérus le permet-elle ?
La naissance du premier bébé issu d’une greffe d’utérus s’est déroulée sans complication. Elle est intervenue à sept mois et demi de gestation, indique l’hôpital Foch. Cette grossesse est un espoir pour toutes les femmes nées sans utérus ou celles qui ont dû procéder à son retrait. La greffe d’utérus constitue ainsi une possible alternative à la GPA (gestation pour autrui) interdite en France.
La première naissance après une greffe d’utérus a eu lieu en Suède, en 2014, comme l’annonçait la revue médicale The Lancet. La donneuse vivante était âgée de 61 ans et son utérus a permis à une femme de donner naissance un an après la transplantation. Au Brésil, une grossesse a également pu être menée à terme après une greffe d’utérus. La patiente a accouché le 15 décembre 2017.
La greffe d’utérus réalisée en France est le fruit de 12 ans de recherche et de collaboration, notamment avec le professeur Brännström, pionnier de cette technique en Suède. Il ne s’agit pas d’une greffe destinée à être permanente en raison du traitement anti-rejet qui doit être pris par la patiente. Il s’agit donc d’une greffe provisoire, mais les femmes le souhaitant peuvent tout de même envisager une seconde grossesse, précise le Pr Ayoubi. C’est le cas de Déborah, qui devra attendre un an avant d’envisager d’être à nouveau enceinte.