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Assurance chômage : 840 000 personnes vont voir leurs allocations baisser, en faites-vous partie ?

Pole Emploi
La réforme de l'assurance chômage entrera en vigueur le 1er juillet 2021. Crédits : capture d'écran YouTube Investigations et Enquêtes.

Après de nombreux reports, la réforme de l'assurance chômage décidée en 2019 entrera en vigueur le 1er juillet 2021. Si certaines mesures ont été repoussées, les grandes lignes ne changent pas. Selon l'Unédic, près de 840 000 chômeurs devraient voir leurs allocations baisser de manière conséquente.

Alors que d’importantes vagues de suppression d’emplois sont attendues dans les prochains mois, la réforme de l’assurance chômage s’apprête à entrer en vigueur. Décidée en 2019, cette évolution polémique est vivement critiquée par les syndicats, dont Force Ouvrière qui dénonce des inégalités entre les demandeurs d’emploi.

Etudes de cas à l’appui, les militants démontrent que la réforme diminuera notamment les allocations des salariés les plus précaires.

Une indemnité réduite d’un tiers

En effet, selon les chiffres fournis par l’Unédic et relayés par Les Echos, en cas de chômage, de nombreux salariés devraient voir leurs indemnités baisser d’au moins un tiers. Pour quelle raison ? La réforme modifie notamment le mode de calcul de l’allocation, précise Capital. Le salaire journalier de référence (SJR) qui sert au calcul de l’indemnité ne sera plus calculé comme avant.

Actuellement, le SJR est obtenu en divisant le montant des rémunérations perçues avant licenciement par le nombre de jours travaillés. Avec la réforme, cet indice sera calculé non plus à partir des périodes travaillées, mais en prenant en compte le revenu moyen mensuel sur une période de 24 mois. En clair, ce mode de calcul va avantager les salariés n’ayant connu aucune période d’inactivité, de chômage partiel, d’arrêt maladie ou de congé maternité.

Une réforme qui impacte les salariés les plus précaires

Pour la CFDT, cette réforme qui va pénaliser les plus précaires est « injuste et inadaptée au contexte », rapporte L’Indépendant. « Pour les plus précaires, c’est la double peine », souligne le syndicat.

De son côté, l’Unédic a effectué des simulations en comparant la situation de deux salariées ayant travaillé deux mois, avant de connaître 12 mois d’inactivité, puis dix mois d’emploi. La première connaît un arrêt maladie d’un mois durant cette dernière période, puis prend un congé maternité de quatre mois avant d’être à nouveau en arrêt maladie pendant un mois. La seconde travaille les 10 derniers mois sans discontinuité.

Une femme enceinte
Selon une simulation effectuée par l’Unédic, une chômeuse ayant été en congé maternité avant son licenciement pourrait percevoir une indemnité réduite après la réforme. Image d’illustration.

Résultat : après réforme, la première a droit à 9 300 euros d’indemnités, tandis que la seconde peut prétendre à 18 600 euros. Une différence importante, puisque la chômeuse ayant été en arrêt maladie et en congé maternité percevra 457,80 euros par mois, contre 654 euros pour la seconde. La réforme va donc impacter considérablement les salariés ayant été en chômage partiel, en congé maternité ou en arrêt maladie, précise Capital.

Les syndicats vent debout contre la réforme

En 2019, les syndicats avaient déjà alerté sur ce point lors de la présentation de la réforme de l’assurance chômage. Mais le gouvernement n’a visiblement pas tenu compte de leurs oppositions, puisque le mode de calcul du SJR n’a pas été revu. « C’est une réforme punitive pour les demandeurs d’emploi qui cumulent de petits boulots », estime auprès de Reuters Michel Beaugas, négociateur pour Force ouvrière.

La CGT, qui dénonce des mesures « déconnectées de la réalité », envisage un recours devant le Conseil d’Etat. Avec cette réforme de l’assurance chômage, le gouvernement pourrait économiser près d’un milliard d’euros, selon la CFE-CGC.