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Une chef du Malawi annule 850 mariages forcés d’enfants et renvoie les fillettes à l’école

Au Malawwi, Theresa Kachindamoto a annulé le mariage de 850 mineures.
Theresa Kachindamoto a annulé le mariage de centaines de mineures au Malawi. Source : Depositphotos.

Theresa Kachindamoto, pionnière dans la lutte des femmes et des enfants au Malawi, a rendu caducs 850 mariages précoces d'enfants. Elle a renvoyé les jeunes filles sur les bancs de l'école.

Theresa Kachindamoto possède une volonté de fer et un caractère à toutes épreuves. Née à Dedza, au Malawi, elle y est revenue pour occuper le poste de chef de district.

Révoltée par les mariages forcés de mineures dans son pays, elle a décidé de lutter contre cette pratique abjecte. « Je ne veux pas de mariages précoces », a-t-elle déclaré à l’organisation U.N. Women. Un souhait qu’elle s’est empressée de faire suivre par des actes concrets.

« Que vous le vouliez ou non, je vais mettre fin à ces mariages »

Theresa Kachindamoto, plus déterminée que jamais à faire cesser le mariage des jeunes filles mineures au Malawi, a fixé l’âge légal à 18 ans. Mais en 2014 encore, il était possible de contourner cette loi par un simple consentement mutuel entre les parents.

Furieuse, Theresa Kachindamoto a ordonné aux 50 fonctionnaires du district de Dedza d’annuler l’ensemble des mariages de mineures. « Que vous le vouliez ou non, je vais mettre fin à ces mariages », a-t-elle assuré à la chaîne d’informations arabe Al Jazeera.

Les fonctionnaires qui refusaient d’annuler les mariages ont été suspendus de leurs fonctions, jusqu’à ce qu’ils obtempèrent. En juin 2015, Theresa Kachindamoto a ainsi prononcé près de 300 suspensions et renvoyées sur les bancs de l’école de nombreuses jeunes filles. Des mineures malawites dont elle a souvent payé les frais de scolarité.

Grâce à sa volonté sans faille, Theresa Kachindamoto a ainsi annulé 850 mariages précoces, de 2015 à 2019.

Au Malawi, plus de la moitié des jeunes filles sont mariées avant leurs 18 ans

D’après une étude menée en 2012 par les Nations Unies, plus de la moitié des mineures au Malawi sont mariées de force avant leurs 18 ans. Des mariages précoces qui expliquent notamment pourquoi l’indice de développement de ce pays africain est déplorable.

Cet indice, retenu comme norme internationale pour les pays membres des Nations Unies, se base sur la santé, l’éducation et la prospérité économique.

Crédit: Facebook / Chief Theresa Kachindamoto GFWE Project

En Afrique, les jeunes filles sont souvent offertes en mariage en raison de la dot que leurs familles peuvent alors obtenir. De l’argent dont elles ont besoin pour faire face à leurs difficultés financières. En Somalie, autre pays d’Afrique où les mariages de fillettes sont courants, une loi a même été adoptée pour légaliser l’union des mineures.

Un phénomène contre lequel il est toutefois possible de lutter, assure Theresa Kachindamoto. « Je dis toujours aux parents : si vous envoyez vos enfants à l’école, vous aurez tout à l’avenir »,

souligne-t-elle.

Pour cette prise de position, Theresa Kachindamoto a déjà reçu des menaces de mort. Pourtant, elle demeure déterminée à faire évoluer les mentalités dans son pays. « Une fois qu’elles ont terminé leurs études, elles peuvent être et faire ce qu’elles veulent », se félicite Mme Kachindamoto au sujet de toutes ces fillettes, dont elle a assurément changé l’avenir.