Filmé chez lui par les caméras de télévision, le petit Ardi enchaînait les cigarettes en tirant de grandes bouffées. Lorsqu’on l’empêchait de fumer, il entrait dans une colère noire. L’enfant, qui fumait jusqu’à 42 cigarettes par jour, était représentatif d’un véritable problème de santé publique en Indonésie : les enfants fumeurs.
Ardi remplace la cigarette par une autre dépendance
Le cas médiatisé de cet enfant en bas âge avait poussé le docteur Kak Seto à lui venir en aide. Ce spécialiste lui avait fait entamer une cure de désintoxication à Jakarta. Celle-ci reposait notamment sur une thérapie par le jeu, de manière à occuper sans cesse l’esprit du petit Ardi.
Le traitement avait porté ses fruits, puisqu’à l’âge de 5 ans, il ne fumait plus. Malheureusement, l’enfant semblait avoir remplacé sa dépendance par une autre : celle de la nourriture. Ardi, en surpoids évident, pesait 24 kilos à un âge où les autres enfants pèsent autour de 17 kilos. Sa mère, qui soulignait qu’Ardi était « un enfant gâté », avait visiblement du mal à lui interdire de manger.
En 2017, soit sept ans plus tard, le média News.com publiait une photo de l’enfant alors âgé de 9 ans et donnait de ses nouvelles. Ardi Rizal est donc finalement parvenu à perdre du poids en suivant un régime à base de légumes et de fruits frais. S’il semble ainsi avoir réussi à vaincre sa dépendance à la cigarette, ce n’est pas le cas de nombreux autres enfants en Indonésie.
En Indonésie, 30 % des enfants fument avant 10 ans
L’Indonésie est le troisième plus gros consommateur de tabac au monde. Dans ce pays, les enfants commencent généralement à fumer très tôt, autour des sept ans pour près de 3 enfants sur dix. Dans les familles plus pauvres de Jakarta ou Garut, cet âge chute même à 2 ans, comme l’atteste l’exemple d’Ardi Rizal.
Dans ce pays, le tabac n’est pas cher. Le paquet coûte autour d’un euro et les cigarettes peuvent être achetées à l’unité, sans restriction d’âge. Des enfants sont même employés dans l’industrie du tabac, précise FranceInfo. Dans un rapport de Human Rights Watch datant de 2016, des mineurs sont amenés à manipuler sans protection des feuilles de tabac et des pesticides.
Selon l’ONG, ce travail dangereux pour leur santé peut « provoquer des intoxications ». Il n’est d’ailleurs pas rare que ces jeunes travailleurs tombent malades, peut-on lire dans ce rapport baptisé The Harvest is in My Blood.