Santé

Une 4e vague dès la rentrée ? Les scénarios peu optimistes de l’Institut Pasteur

Une femme avec un masque
Un nouveau pic épidémique est possible cet automne, préviennent les chercheurs de l'Institut Pasteur. Crédit : Pixabay.

Dans une modélisation mise à jour ce lundi, l'Institut Pasteur tient à prévenir la population. Un rebond épidémique pourrait avoir lieu dès cet automne si la couverture vaccinale est insuffisante. Tout dépendra donc de la campagne de vaccination, mais également des variants plus contagieux comme le Delta.

Mercredi 30 juin 2021, la France a entamé la dernière étape du déconfinement. Pour l’instant, les indicateurs de l’épidémie sont majoritairement favorables et la pression hospitalière continue à décroître. Malgré tout, le pays n’en a pas fini avec le virus, tient à rappeler l’Institut Pasteur. Dès cet automne, une nouvelle vague pourrait ainsi avoir lieu.

Une 4e vague aussi importante que celle de novembre 2020 ?

Dans une étude partagée en début de semaine, les chercheurs de l’Institut Pasteur tentent justement d’établir ce qui nous attend à la rentrée. Alors que le mauvais temps propice à la circulation du virus fera son retour, parviendrons-nous à éviter un rebond épidémique ?

Les scénarios établis ne sont malheureusement pas optimistes. Et ce même si la couverture vaccinale atteint les espérances du gouvernement. « Cet automne, un pic d’hospitalisations important est possible en l’absence de toute mesure de contrôle de l’épidémie », préviennent ainsi les spécialistes. Cette nouvelle vague pourrait même être aussi importante que celle de novembre 2020 si aucune mesure de contrôle adoptée, prévient l’Institut.

Les non-vaccinés ont 12 fois plus de risque de transmettre le virus que les personnes vaccinées

Pour l’heure, la campagne de vaccination ne permet donc pas d’atteindre la couverture vaccinale souhaitée. Un problème, puisque « les non-vaccinés contribuent 12 fois plus que les vaccinés à la transmission du virus », souligne l’Institut Pasteur. Pour les chercheurs, une nouvelle vague pourrait donc avoir lieu si l’immunité collective tant attendue n’est pas atteinte.

le vaccin
Les personnes non vaccinées contribuent 12 fois plus à la propagation du virus que les non-vaccinés. Crédit : Pixabay.

Dans leurs scénarios, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont ainsi intégré l’impact d’une couverture vaccinale limitée à 30 % chez les 12-17 ans, 70 % chez les 18-59 ans et 90 % chez les plus de 60 ans. Dans ce scénario 30%/70%/90% et « sans mesures de protection supplémentaires », les personnes non vaccinées de plus de 60 ans représenteraient 35 % des hospitalisations. Quant aux enfants et adolescents, groupe dont la couverture vaccinale est faible, ils représenteraient « à peu près la moitié des infections », estiment les chercheurs. En outre, ces derniers seraient responsables d’environ « la moitié des transmissions. »

les scénarios de l'institut pasteur
La part des infections et hospitalisations en fonction des tranches d’âge et de la couverture vaccinale. Projections effectuées en tenant compte d’un RO de 4 (taux de reproduction du virus) et d’un taux de vaccination de 30% / 70% /90% chez les 12-17, 18-59 et plus de 60 ans. Crédit : Institut Pasteur.

A noter que scénarios modélisés par l’Institut Pasteur tiennent compte de l’arrivée de variants jugés plus contaminants, comme le Delta. Les études se basent également sur un taux de vaccination potentiel au 1er septembre prochain : 90 % des plus de 60 ans. Une couverture vaccinale qui s’avère à l’heure actuelle loin d’être atteinte. En effet, chez les plus de 60 ans, le taux de vaccination est actuellement de 70 %, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires. Pour les 75-79 ans, classe d’âge la plus vaccinée, ce taux atteint 82,2 %. Quant aux 18-59 ans, le seuil des 70 % est encore très loin : 12,8% pour les 18-24 ans et jusqu’à 43% pour les 50-59 ans.

Les enfants et adolescents soumis à de nouvelles restrictions à la rentrée ?

Si la campagne de vaccination ne convainc pas plus et qu’aucune restriction n’est adoptée d’ici la rentrée, l’Institut Pasteur craint donc un nouveau pic d’hospitalisations en automne. Première source d’inquiétude pour les chercheurs : « la situation des enfants et des adolescents, qui devraient être peu vaccinés cet automne ». Si un rebond épidémique a bien lieu, « le contrôle de la circulation virale dans les écoles, collèges, lycées pourrait être nécessaire », préviennent les scientifiques.

De fait, cette tranche de la population pourrait donc être soumise à « de nouvelles mesures de contrôle en milieu scolaire », estime l’Institut Pasteur. Les chercheurs recommandent ainsi le déploiement d’une politique massive de tests pour lutter contre la propagation du virus. D’après leurs simulations, si au moins 50 % des non-vaccinés de plus de 12 ans se soumettent à des autotests hebdomadaires, le pic d’hospitalisations pourrait être réduit de 27 %. Si ces tests sont réalisés par des professionnels, alors la pression hospitalière pourrait même baisser de 32 %.

L’Institut Pasteur tient toutefois à souligner que « les mesures non-pharmaceutiques » ont un impact quasiment similaire si elles concernent toute la population ou bien les non-vaccinés seuls. Cibler uniquement les personnes non vaccinées avec des restrictions soulève donc « des questions éthiques et sociales qu’il est important d’explorer », notent-ils.