Logement

Maison squattée : un couple de retraités malades est contraint de camper

Mr et Mme Carneiro et leur maison squattée
Crédits : Marie-Rose Richard.

En achetant une maison double, Rose-Marie Richard pensait avoir trouvé la solution parfaite pour s'occuper de ses parents vieillissants. C'était sans compter sur les locataires du logement qui refusent de le quitter. Résultat : les retraités malades doivent être hébergés par leurs enfants et petits-enfants.

En France, les affaires de squat semblent ne plus en finir. L’une d’elles concerne un couple de retraités de la région parisienne. Leur fille, Rose-Marie Richard, ne décolère pas.

Les locataires ne paient plus leurs loyers

Tout commence lorsque cette habitante d’Île-de-France réfléchit à une solution permettant à ses parents, M. et Mme Carneiro, de profiter pleinement de leur retraite. A 76 ans, le père de Rose-Marie Richard a besoin de soins hospitaliers réguliers. Atteint d’insuffisance rénale, le retraité doit se rendre trois fois par semaine à l’hôpital pour une dialyse. Une situation lourde que ne peut gérer toute seule son épouse de 71 ans. Leur fille décide donc de les aider en se rapprochant d’eux.

Rose-Marie Richard a alors l’idée d’acheter pour ses parents et elle-même deux maisons mitoyennes à Chambourcy (Yvelines). Le bien est trouvé en février 2020. Comme le montrent les photos, l’habitation principale est collée à un autre logement dans lequel devaient habiter Mr et Mme Carneiro. Leur fille est ravit d’avoir trouvé le bien immobilier qui devait permettre à ses parents de couler des jours heureux. Problème : la maison est occupé par des locataires qui ne souhaitent pas en partir.

la maison squattée à Chambourcy (Yvelines)
La maison squattée à Chambourcy (Yvelines). Crédit : Marie-Rose Richard.

En effet, l’une des deux maisons mitoyennes est louée meublée à une famille depuis 2016. Le 11 février 2020, le couple et leurs trois enfants reçoivent un courrier leur indiquant que leur logement a été vendu. Leur bail ne sera pas reconduit, mais il est suffisamment long pour permettre aux locataires de trouver un autre logement. La famille ne semble toutefois pas entamer de recherches actives et à l’été 2020, la situation dégénère. Alors que les locataires et leurs propriétaires entretenaient jusqu’ici de bons rapports, la famille ne paie plus ses loyers.

Des locataires parfaitement au courant de la loi

Le couple émet des chèques sans provision et la mairie de Chambourcy intervient. Un hébergement d’urgence est proposé aux locataires, qui le refusent. La famille qui souhaite être relogée dans un logement social connaît bien ses droits. En effet, le père de nationalité iranienne effectue une thèse de droit international. Lors d’une audience qui s’est déroulée en mai dernier, ce dernier qui dispose d’un conseil juridique a réclamé l’aide juridictionnelle. Un fait qui lui permet de disposer automatiquement de six mois supplémentaires dans les lieux.

A cause des locataires ne souhaitant pas quitter leur maison, la vente de la propriété n’a pu avoir lieu qu’en décembre 2021. Mais les parents de l’acheteuse qui ont déjà vendu leur maison ne peuvent pas profiter de leur nouveau logement. Les deux retraités sont actuellement hébergés par leurs enfants et petits-enfants. De leur côté, le couple d’Iraniens dont les trois enfants sont nés en France a déposé des mains courantes contre les anciens propriétaires et les nouveaux. Des plaintes qui concerneraient entre autres des bruits de tondeuse le samedi matin.

Mr et Mme Carneiro
Mr et Mme Carneiro. Crédit : Marie-Rose Richard.

Déterminée à rester dans leur maison squattée, la famille repartie un temps en Iran avait pris soin d’installer dans le logement leur conseil et l’épouse de ce dernier. De ce fait, on ne peuvait leur reprocher d’avoir abandonné les lieux… « J’ai l’impression que personne ne nous écoute et que le locataire peut faire durer cette procédure éternellement », déplore Rose-Marie Richard. « Ce genre d’affaire montre à quel point un locataire de mauvaise foi et bien au fait du droit peu faire traîner la procédure », souligne auprès du Figaro Me Gabriel Neu-Janicki, spécialiste en droit immobilier.