Les autorités de Suisse romande ont estimé « obsolètes » certaines règles d’orthographe et accents. Mercredi 9 juin, les ministres romands de la Formation ont donc annoncé une série de réformes pour « rectifier » dès 2023 l’orthographe française.
Une orthographe rectifiée pour 2 500 mots
Certains accents, règles orthographiques ou encore traits d’union vont donc être supprimés pour « privilégier les tournures neutres et collectives », rapporte Le Temps. Les réformes ont également pour but de simplifier l’accord des termes qui désignent des métiers, fonctions ou statuts relatifs au genre féminin. Ainsi, les doublets « soit le fait de répéter un substantif au féminin et au masculin » ne seront plus exigés des élèves, rapporte également le journal suisse.
Au total, 14 nouvelles règles d’orthographe vont faire leur entrée en Suisse romande. L’accent circonflexe se fera notamment plus rare et des consonnes simples seront adoptées dans les mots ou le « t » ou encore le « l » suivent un « e » muet. Ainsi, « on ne grelotte plus, on grelote lorsqu’il neigeote. On n’interpelle plus, on interpèle la dentelière », explique le média helvétique.
Autres exemples de mots dont l’orthographe changera en 2023 : « ognon » sans le « i ». « Rondpoint » qui perdra son tiret, ou encore « nénufar » au lieu de « nénuphar ». En tout, 2 500 termes du dictionnaire devraient être concernés.
Une réforme pour suivre l’évolution des moeurs et des valeurs
« Le langage n’est ni figé, ni neutre : il a évolué de tout temps et reflète nos mœurs, nos valeurs qui changent aussi », souligne dans Le Temps Jean-Pierre Siggen, ministre fribourgeois de la Formation.
Pascale Marro, secrétaire générale de la Conférence intercantonale de l’Instruction publique de Suisse romande, se réjouit également de ces simplifications à venir. « On pourra faire avec les élèves des choses plus intéressantes au niveau de la langue, de l’argumentation ou la lecture de poèmes » estime-t-elle.
Cette transition orthographique va se faire « en douceur », juge de son côté Pascal Gygax, psycholinguiste à l’Université de Fribourg. Pour lui, la Suisse aurait pu « aller plus loin » en généralisant la nouvelle orthographe. Mais, il s’agit avant tout de « ne pas brusquer les sensibilités des uns et des autres. » « Si une langue reste figée, elle s’éteint. En tant que psycholinguiste, je salue donc ces réformes », souligne-t-il.
Et l’écriture inclusive ?
En revanche, non à l’écriture inclusive. L’instruction suisse ne souhaite pas compliquer les choses en inscrivant dans les réformes ce langage, pourtant adopté à la télévision suisse romande. Pascale Marro tient ainsi à rappeler « qu’on s’adresse à des enfants qui entrent dans l’écrit et pour qui c’est déjà suffisamment compliqué ». La réforme d’orthographe rectifiée encourage toutefois les enseignants à employer des formulations moins genrées.