La Russie est passée à l’offensive en Ukraine après l’annonce surprise de Vladimir Poutine à la télévision, le 24 février 2022. Depuis, l’invasion bat son plein. Nombreux sont les citoyens à fuir les combats. Ainsi, ils trouvent asile en Hongrie, en Roumanie ou encore en Pologne. Des ressortissants africains, pour la plupart étudiants, tentent aussi de quitter le pays. Malheureusement, beaucoup ont subi un « traitement différent inacceptable ».
En effet, certains policiers ukrainiens et agents de sécurité n’ont pas hésité à employer la force pour empêcher les ressortissants de pays africains à traverser les frontières. Les images se multiplient sur les réseaux sociaux montrant des personnes maltraitées.
Tout porte à croire que les transports publics sont réservés aux Ukrainiens qui veulent quitter leur pays. Quant aux étudiants africains, ils étaient livrés à leur sort. En effet, ils ne pouvaient même pas monter dans les trains pour fuir les combats. Ceux qui arrivent sur le sol polonais doivent par la suite faire face à une forme de discrimination apparemment liée à la couleur de peau.
Les jeunes Africains témoignent de leur calvaire
Nul doute que la décision du gouvernement russe de lancer une opération spéciale en Ukraine aura des conséquences géopolitiques en Europe et dans le reste du monde. C’est le cas de l’Afrique et la grande difficulté que rencontrent les étudiants à la frontière en est un parfait exemple. En effet, ils ne bénéficient pas du même traitement que les citoyens ukrainiens. Il va sans dire que ces derniers peuvent facilement passer.
Partout dans le pays, surtout dans la capitale Kiev, les Africains sont maltraités. A la gare, ils ne peuvent pas monter dans les trains. Certains tentent ainsi de traverser la frontière en voiture. C’est le cas de Samuel George, un étudiant nigérian. Malheureusement, des personnes lui ont barré la route avant de le dépouiller.
« Ce ne sont pas des fonctionnaires, des policiers ou des militaires. Ce sont des citoyens normaux qui nous ont empêchés, nous les Africains, de conduire jusqu’à la frontière. Ils ont laissé passer les Ukrainiens, mais pas nous »
L’Union Africaine (UA) monte au créneau
Il s’agit là d’un témoignage parmi tant d’autres qui dénoncent un comportement « choquant et raciste » selon l’UA. Les jeunes Africains bloqués à la frontière notamment avec la Pologne montrent à quel point le traitement est différent. Ce comportement serait ainsi contraire au droit international, rapportent nos confrères du RFI. Bien entendu, cette situation est particulièrement préoccupante. En ce sens, Macky Sall, président du Sénégal et de l’UA ainsi que Moussa Faki, président de la Commission, ont rappelé que :
« (…) toute personne a le droit de franchir les frontières pendant un conflit et devait bénéficier des mêmes droits quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale »
Sur le papier, tout est clair. Cependant, la réalité est tout autre. Le périlleux parcours de ce Nigérian établi à Kiev témoigne du calvaire subi par les étudiants en Ukraine. A titre d’information, il a passé 3 jours dans le froid avant de réussir à rejoindre Varsovie. Tout comme les autres africains à la frontière, il a fait face à une forme de discrimination. Les policiers et les militaires ukrainiens n’hésitent d’ailleurs pas à braquer leurs armes sur eux.
« Dans les gares ici à Kiev, les enfants d’abord, les femmes ensuite, les hommes blancs en troisième, puis viennent les Africains »
La Pologne pointée du doigt
A la frontière polonaise, nombreux sont les Africains qui se voient bloqués. A l’instar de leur homologue ukrainien, l’armée polonaise n’hésite pas à employer la force pour empêcher ces ressortissants à passer. Une vidéo dans laquelle on entend l’un deux lancé : « Nous n’avons pas d’armes. Nous sommes des étudiants », a ému les internautes.
Alors que les jeunes Africains pensaient que leur calvaire était terminé une fois la frontière passée, ils ne sont pas au bout de leur malheur. En effet, ils doivent faire à une triste réalité, celle du refus de certains Polonais de les prendre en stop. « On nous traite comme des animaux », déplore l’un d’eux.
Face à ces accusations, l’ambassadrice de Pologne au Nigéria, Joanna Tarnawska a déclaré que « tout le monde reçoit un traitement égal ». Quoi qu’il en soit, le gouvernement recommande désormais à ses ressortissants de se rendre de préférence en Hongrie ou en Roumanie. Certains ambassadeurs africains en Pologne sont aussi venus à la rescousse des jeunes étudiants.