Face à la crise sanitaire actuelle, le professeur de médecine Bruno Riou appelle le gouvernement à ne pas avoir peur de reconfiner la France. Pour le directeur médical de crise de l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), la situation est préoccupante.
Un variant anglais « prédominant dans quelques semaines »
Après la seconde vague enregistrée dans le pays à l’automne 2020, le nombre de contaminations ne s’abaisse pas, loin s’en faut. Malgré les mesures restrictives, les cas positifs augmentent pour atteindre une proportion de plus en plus importante. L’épidémie est hors de contrôle, estime le professeur, qui s’inquiète également de l’arrivée des variants en France, « en particulier le variant dit ‘anglais’ », écrit-il dans Le Monde.
Bruno Riou en est certain, lorsque le variant britannique deviendra prédominant, le pays fera face à une accélération de l’épidémie, « comme cela est déjà survenu dans d’autres pays ». Pour le professeur de médecine, « seul un confinement » est en mesure d’éviter ce scénario. Seulement, son appel est contre la volonté de l’exécutif de tout faire pour éviter un nouveau confinement. La question est donc la suivante : vaut-il mieux éviter un confinement et ses conséquences sociales, économiques et humaines, ou reconfiner ?
Le gouvernement assure maîtriser la situation sanitaire
« Faisons-nous collectivement une erreur d’analyse en opposant les impératifs sanitaires aux autres impératifs ? », questionne ainsi Bruno Riou. Il est vrai qu’un nouveau confinement s’avérerait compliqué pour bien des professionnels. Mais que fera-t-on si les hôpitaux sont à nouveau submergés par des malades que nous ne pouvons soigner ?
La stratégie vaccinale du gouvernement va-t-elle permettre d’abaisser les contaminations durablement ? Ce mardi 9 février, la France comptait 1,9 million de personnes vaccinées, dont 366 733 Français ayant reçu les deux injections nécessaires. Ces chiffres s’avéreront-ils suffisants pour freiner la propagation du variant anglais ? Face à l’épidémie, Olivier Véran assure que le gouvernement demeure vigilant.
Les variants « augmentent d’environ 50% par semaine, c’est-à-dire moins vite que les pays qui n’étaient pas sous couvre-feu », tient à souligner le ministre de la Santé. Pour l’exécutif, « l’efficacité des mesures décidées permettent de stabiliser la situation sanitaire ». Un reconfinement semble donc pour l’heure exclu.
Les appels au confinement se multiplient
Malgré ces déclarations qui se veulent rassurantes, le professeur Riou n’est pas le seul à appeler au reconfinement. Invité ce mercredi sur BFMTV, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses hôpital de Tenon à Paris, se dit particulièrement inquiet. « On a une poussée incroyable du variant anglais en Île-de-France », souligne-t-il tout en expliquant faire face à des clusters mélangeants soignants et soignés.
Le risque principal pour Gilles Pialoux est de « perdre de vue les clusters ». Pour éviter le pire, le chef du service des maladies infectieuses rejoint le professeur Riou en réclamant lui aussi un « confinement court, mais strict ».