De l’air pur et de la tranquillité, voilà comment on imagine la vie à la campagne. Ce que l’on sait moins, c’est que la vie rurale a aussi son lot d’animations avec l’agriculture et l’élevage. Un couple qui a emménagé près d’une ferme laitière ne savait pas ce qui l’attendait. Entre les mauvaises odeurs, les bouses qui attiraient les insectes et le bruit des cloches des vaches, il a fini par perdre patience.
Cette histoire aux multiples rebondissements s’est déroulée en Allemagne, dans le village bavarois de Holzkirchen, au sud de Munich. Le couple, excédé par les nuisances sonores, a saisi la justice. Commence alors un long combat pour ces conjoints déterminés à retrouver une bonne qualité de vie.
Au départ, un compromis avec l’agricultrice d’à côté
Le couple s’installe en Bavière en 2011, à une trentaine de kilomètres au sud de Munich, mais les vrais problèmes débutent en 2014. Leur maison se trouve près d’une ferme d’élevage de vaches laitières. Ils doivent donc faire face à de nombreux désagréments au quotidien, tels que les odeurs pestilentielles qui attirent les mouches. Mais ce qui les incommode au plus haut point, c’est le son des cloches des vaches.
Ne supportant plus la situation, les époux décident de se plaindre auprès de leur voisine, Regina Killer. La discussion semble tourner positivement puisque les deux parties ont trouvé un accord en 2015. L’agricultrice a accepté de tenir ses animaux à 20 mètres du logement du couple pour ne pas les déranger.
Le couple porte l’affaire devant la justice
Le compromis ne marche pas. Le couple estime toujours vivre un calvaire à cause de la pollution sonore. Le mari et la femme décident alors de saisir le tribunal régional de Munich chacun de leur côté. Le principal motif de leur poursuite est le bruit des cloches qui aurait fini par causer une dépression et des troubles du sommeil.
Pour appuyer leurs dires, le niveau de bruit a été mesuré depuis la fenêtre de leur chambre à coucher. D’après l’agence de presse DPA, leur avocat a mentionné un niveau sonore élevé qui atteindrait 70 décibels. Malheureusement pour le couple, les deux requêtes ont été rejetées.
Ils ne baissent pas les bras pour autant et portent l’affaire devant une juridiction supérieure. En avril 2019, l’homme a vu encore une fois sa poursuite déboutée. Leur seul espoir reposait alors sur le plaidoyer de l’épouse.
L’agricultrice refuse le GPS pour ses vaches
Pour le couple, les cloches n’ont pas vraiment leur utilité dans la ferme voisine puisque les bêtes restent dans une propriété clôturée. Il ajoute même que de nombreuses exploitations agricoles modernes n’en ont plus besoin. De son côté, Regina Killer a déclaré que les cloches autour du cou de ses vaches sont indispensables pour les localiser et éventuellement les retrouver si elles franchissent l’enclos.
Voulant retrouver leur tranquillité, les époux ont alors suggéré d’équiper les vaches d’un GPS. Une idée que la propriétaire de la ferme ne partage pas du tout. Elle évoque notamment le manque d’expérience dans la région quant à l’usage de ce dispositif technologique.
Une relance du débat sur les traditions rurales
Les querelles de voisinage sont assez fréquentes, mais demeurent le plus souvent dans l’anonymat. Par contre, cette saga bavaroise a été très médiatisée. D’après le site de Deutsche Welle, elle s’est d’ailleurs transformée en un débat sur l’identité et les traditions bavaroises.
Le fait que la justice ait rejeté la demande du mari est une bonne nouvelle pour la présidente du parlement de l’État de Bavière, Ilse Aigner. Dans sa publication sur Twitter, elle affirme que « les vaches avec leur cloche dans la prairie font partie de notre mode de vie ». Elle évoque également une portée plus importante de ce litige qui oppose des nouveaux venus dans le village à une agricultrice déjà bien établie. « Il ne s’agit pas seulement d’une prétendue nuisance sonore, mais de la cohabitation entre les habitants de longue date et les nouveaux arrivants » selon elle.
Ce récit démontre bien que changer de vie pour partir à la campagne mérite mûre réflexion quand on a des exigences de confort. Chez certaines personnes, un tel changement de cadre fait naître des perspectives de sérénité, de retour aux sources, de vie au grand air, de grands espaces et surtout moins de stress. Malheureusement, la réalité n’est pas toujours aussi rose. Le respect des traditions reste un sujet délicat. Dans l’Oise par contre, un éleveur a été condamné à payer 102 000 euros à ses voisins.
- Source: actu.fr