Tranche de vie

Un étudiant se bat pour donner une nouvelle vie à un garçon qu’il a trouvé dans une poubelle

jimmyluv6 / Instagram
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Cet étudiant de 22 ans, en vacances dans son pays natal, en Haïti, n’a jamais pensé que ce voyage allait complètement chambouler sa vie.

« J’ai toujours voulu faire partie de quelque chose de grand et pour moi, c’était le moment. »

Jimmy Amisial se promenait dans les Gonaïves, en Haïti, pour se rendre à une fête du Nouvel An lorsqu’il a repéré une foule mouvementée et s’en est approché. Ce jour-là, il ne savait pas que sa vie allait changer à jamais.

Un voyage qui a changé sa vie à jamais

Jimmy Amisial, alors âgé de 22 ans, était en visite dans son pays natal pour célébrer le réveillon du Nouvel An lorsqu’ il est tombé sur une agitation dans une rue. 

« Quand je suis arrivé à l’endroit où les gens faisaient du bruit, j’ai vu un bébé, se rappelle le jeune étudiant. Il était dans un tas d’ordures en train de pleurer, et il n’y avait pas une seule âme qui voulait faire quelque chose pour lui. »

Apparemment, les habitants avaient peur de toucher le nourrisson parce qu’ils craignaient que l’enfant soit maudit ou maléfique. Jimmy, lui, n’avait que faire de ces suspicions. Tout ce qu’il savait était qu’il y avait un enfant en danger devant lui et que ce dernier avait besoin d’aide. Ainsi, malgré sa nervosité, il décida de le prendre dans ses bras.

« Il n’avait pas de vêtements. Il avait des fourmis de feu qui rampaient partout sur lui parce qu’il était là depuis quelques heures. Quand je l’ai ramassé, il a immédiatement arrêté de pleurer. »

La garde temporaire est accordée

La nuit où il a trouvé le garçon, Jimmy l’a emmené au domicile de sa mère. Ensemble, ils l’ont nettoyé et lui ont mis de la lotion pour calmer la réaction allergique causée par les piqûres des fourmis.

Une fois que le bébé s’était assoupi, Jimmy a appelé la police pour signaler ce qu’il avait trouvé. Ils lui ont notamment suggéré de garder le bébé durant la nuit pendant qu’ils allaient enquêter sur l’affaire.

Le lendemain, un juge s’est présenté au domicile de sa mère. Ce dernier lui a demandé s’il voulait la garde temporaire de l’enfant puisque personne ne s’était présenté pour le réclamer. Après qu’il lui a posé cette question, il a eu beaucoup de nuits blanches. Le doute et l’incertitude ont commencé à envahir son esprit. 

Allait-il pouvoir être à la hauteur de cette tâche ? Serait-il un bon père ? Comment allait-il le nourrir ? Toutes ces questions lui revenaient sans cesse. Sans compter qu’il était déjà en retard sur ses frais universitaires et que sa famille a toujours eu du mal à joindre les deux bouts.

Mais tout a pris plus de sens après une discussion avec sa mère. Cette dernière lui a rappelé que les choses arrivent certainement pour une raison. Finalement, les « Serais-je à la hauteur » se sont transformés en « Que faut-il faire pour être à la hauteur. »

« Parfois, il n’est pas nécessaire de savoir ce qu’il faut faire, il suffit d’être prêt à le faire », a-t-il déclaré.

De toute façon, il a toujours voulu faire partie de quelque chose de grand et pour lui, c’était le moment. Et c’est ainsi, après une audience au tribunal, qu’il est devenu le tuteur du petit garçon.

GOFUNDME

Après les vacances, Jimmy est retourné au Texas comme l’exigeait son programme de visa étudiant. Il a laissé le bambin aux soins de sa mère tout en continuant à les soutenir financièrement.

Un an plus tard, il a décidé d’entamer les démarches pour adopter officiellement l’enfant qu’il avait nommé Emilio Angel Jeremiah. Malheureusement, il s’est heurté à des obstacles, notamment le processus qui s’est avéré coûteux.

« Ce n’était pas si facile », a-t-il déclaré. « En Haïti, il est difficile de faire des démarches administratives. Quand j’ai commencé le processus, ça semblait bien mais ensuite ils m’ont demandé beaucoup d’argent mais je n’avais pas les fonds. »

All God’s Children International, une agence d’adoption, estime qu’il faut plus de 40 000 dollars pour adopter un enfant d’Haïti. Cela sans compter les billets d’avion, l’hébergement et les autres frais associés au voyage – il voulait amener Emilio aux États-Unis.

En 2020, Jimmy a donc décidé de faire une pause dans sa scolarité, où il étudiait la communication, pour se concentrer sur son travail. Son but était d’économiser d’argent pour adopter Emilio et soutenir sa famille en Haïti. Il a donc échangé sa blouse d’étudiant pour celle d’un paysagiste et assistant de livraison.

Le 27 juillet, il a mis en place une collecte de fonds en ligne afin de réunir l’argent nécessaire aux frais d’adoption.Il s’est fixé un objectif de 60 000 dollars, et à la date de vendredi matin, il avait récolté plus de 79 000 dollars.

Même si Jimmy a dépassé son objectif, il a déclaré qu’il prévoyait d’utiliser l’argent supplémentaire pour financer l’éducation d’Emilio et soutenir les orphelinats locaux en Haïti. Il rêve également de créer sa propre association à but non lucratif pour aider les orphelins et les familles dans le besoin dans son pays d’origine.

« C’est un enfant tellement joyeux »

Jimmy communique via FaceTime avec Emilio plusieurs fois par semaine et essaie de lui rendre visite aussi souvent que possible. Malheureusement, les conditions d’insécurité en Haïti l’année dernière ont rendu les choses difficiles.

Lorsqu’il décrit Emilio, Jimmy dit que l’enfant, maintenant âgé de 4 ans, est très marrant et a une grande personnalité. Apparemment, il adore regarder Tom et Jerry, jouer de la guitare et chanter. 

« C’est un enfant tellement joyeux et il aime le sport. Il joue au football et au basket, raconte-t-il. Ma mère et moi avons eu une connexion automatique avec lui. Il m’appelle papa. Même si je suis son tuteur temporaire, je me considère toujours comme son père. »

Jimmy a maintenant 27 ans et est déterminé à terminer la procédure d’adoption d’Emilio. Il prévoit ensuite de retourner à l’université et de terminer ses études.

 « Je veux qu’il soit heureux. Je veux lui apprendre à aimer et je veux qu’il sache que même s’il a abandonné, il n’est pas seul. »