Société

Elle abat l’assassin de sa fille en plein procès… Et ce qui s’est passé ensuite a choqué tout un pays


Une mère allemande, brisée par la perte atroce de sa fille, a fait l’impensable en plein tribunal : elle a abattu l’homme accusé du meurtre. Un geste de rage pure qui a choqué la nation et continue, encore aujourd’hui, d’alimenter un débat brûlant entre justice, vengeance et douleur humaine.

Au printemps 1980, la ville de Lübeck, dans le nord de l’Allemagne, est frappée par une disparition qui glace le pays. Anna, une fillette de sept ans, quitte son domicile après une dispute anodine avec sa mère. Quelques heures plus tard, son absence plonge la famille dans une angoisse grandissante. La petite ne reviendra jamais.

Les enquêteurs découvrent rapidement que son dernier passage connu se situe près de la maison d’un homme au passé trouble. Klaus Grabowski, un boucher déjà mêlé à des affaires d’agressions sur mineures, devient très vite le principal suspect. Lorsque la vérité éclate, elle dépasse l’imaginable. L’homme a agressé et tué la fillette avant d’abandonner son corps près d’un canal. C’est sa propre fiancée, horrifiée par ce qu’elle apprend, qui alerte la police.

Une confession qui déchire une mère

Arrêté en quelques heures, Grabowski tente de se défendre avec une version qui révolte le pays. Face aux enquêteurs, il prétend que la fillette l’aurait « provoqué », et qu’il l’aurait tuée par peur de retourner derrière les barreaux. Pour Marianne Bachmeier, la mère d’Anna, ces mots sont une seconde condamnation. Toute sa vie, déjà marquée par une enfance difficile, se fissure brutalement.

Les médecins et psychologues qui la rencontrent à l’époque décrivent une femme anéantie, envahie par une douleur si lourde qu’elle ne trouve plus d’air. Ses proches racontent une mère qui ne parvient plus à dormir, incapable d’accepter que son enfant ait été prise pour cible par un prédateur qu’elle ne connaissait même pas.

Le jour où tout a basculé dans la salle d’audience

Quelques mois plus tard, le procès de Grabowski s’ouvre sous une forte tension médiatique. Les caméras se tournent vers une salle d’audience où une mère brisée affronte le visage de celui qui a détruit sa vie. Personne ne sait encore que ce moment sera gravé, à jamais, dans l’histoire judiciaire allemande.

Lors de la troisième journée d’audience, Marianne se lève silencieusement. Elle sort un pistolet, passé jusqu’ici inaperçu, et tire huit fois dans le dos de l’accusé. Les témoins parlent d’un silence irréel après les coups de feu. Elle ne cherche pas à fuir. Elle ne cherche pas à se justifier. Elle prononce seulement : « Je voulais le tuer… Je l’ai fait pour Anna. »

À cet instant, la salle entière comprend que quelque chose vient de se briser dans l’ordre établi. Cette femme n’a pas attendu le verdict. Elle a choisi de trancher elle-même le destin de celui qu’elle considérait comme un monstre.

Une Allemagne déchirée entre compassion et indignation

Arrêtée immédiatement, Marianne Bachmeier devient, du jour au lendemain, un symbole controversé. Pour certains, elle est la mère vengeresse qui a défendu l’honneur d’un enfant innocent. Pour d’autres, elle a franchi une ligne dangereuse, sapant l’autorité de la justice allemande.

Le pays se divise, les débats s’enflamment. Peut-on comprendre un geste né d’un tel désespoir ? Peut-on l’accepter ? Plusieurs sondages menés à l’époque montrent un pays totalement partagé, incapable de trancher entre l’émotion et le principe.

Son procès reflète ce chaos moral. L’accusation de meurtre est finalement abandonnée, faute de consensus sur son intention réelle. En 1983, elle est reconnue coupable d’homicide involontaire et condamnée à six ans de prison, mais n’en effectuera que trois.

Une vengeance qui ne guérit rien

À sa sortie, Marianne tente de recommencer ailleurs. Elle quitte l’Allemagne, cherchant un endroit où personne ne la reconnaît. Mais la douleur, elle, ne la quitte jamais. Les médecins parleront plus tard d’un traumatisme impossible à apaiser, d’une femme qui n’a jamais retrouvé la paix intérieure malgré son acte.

Elle meurt en 1996, à seulement 46 ans, terrassée par un cancer du pancréas. Elle est enterrée dans la même tombe que sa fille, Anna. Un geste symbolique pour une mère dont la vie s’est arrêtée le jour où celle de son enfant a été brisée.

Un pays toujours marqué, près d’un demi-siècle plus tard

Aujourd’hui encore, l’affaire Bachmeier reste l’une des plus discutées d’Allemagne. Plusieurs sondages récents montrent à quel point l’opinion continue d’être déchirée : près d’un quart des personnes interrogées jugent que sa peine était trop légère, un autre quart estime qu’elle était trop lourde, et le reste pense qu’elle était juste.

Son geste continue d’interroger, de déranger, d’émouvoir. Il soulève une question que personne ne peut trancher sans vaciller : jusqu’où peut aller un parent brisé par la douleur ?