Les prix des aliments dans l’Hexagone sont 15% au-dessus de la moyenne européenne. Une étude de 60 Millions de consommateurs révèle en effet ce constat en se basant sur les statistiques publiées par Eurostat. Seuls le Danemark, le Luxembourg et l’Autriche devancent la France. En ce sens, certains consommateurs qui en ont la possibilité traversent la frontière pour se ravitailler.
Interrogé par TF1, un père de famille français préfère remplir son caddie à l’étranger, et plus précisément en Espagne. En effet, il existe plusieurs euros de différence entre les deux pays pour des produits alimentaires comparables, rapporte LCI. En ce sens, il a payé 200 euros pour cette emplette, une course qui lui aurait coûté 60€ de dépense supplémentaire dans l’Hexagone.
80% des aliments que nous consommons sont pourtant cultivés et transformés en France. Alors pourquoi ces produits coûtent-ils plus chers ?
L’hégémonie des supermarchés
Ce prix élevé touche particulièrement la viande qui est 30% plus chère en France que chez nos voisins limitrophes. La raison ? 60% des produits grande consommation sont vendus dans les hypermarchés, explique l’association, soit deux fois plus qu’en Allemagne, rapporte LCI.
Contrairement aux idées reçues, les prix des aliments dans les hypermarchés ne sont pas forcément plus faibles, car la surface est plus grande. Bien au contraire, on y trouve une dizaine de références pour un même produit (premium, régionaux, locaux…). De ce fait, cette grande diversité tire les indices vers le haut, explique l’Institut de liaisons des entreprises de consommation.
L’approvisionnement de masse en produits locaux
Dans l’Hexagone, les fruits et les légumes sont également 27% plus chers qu’en Allemagne ou en Espagne. D’après les explications d’Yves Puget, directeur de la rédaction de LSA (Libre Service Actualités), les Français aiment bien manger, un pays de la gastronomie.
Même son de cloche du côté du président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France qui ajoute :
« En France, les consommateurs ont accès à une grande diversité de produits, la plupart étant fabriqués par des PME. La demande de produits locaux, éthiques, authentiques, est actuellement très forte. Et ces produits ne sont pas moins chers que les autres ».
Cette différence de prix concernant les fruits et les légumes provient ainsi des taxes et de la main-d’œuvre plus chère. De plus, la taille des exploitations est plus petite que dans les autres pays, explique Elisabeth Cony, fondatrice de Madame Benchmark, interviewée lors du reportage de TF1. Selon l’étude Food 360 menée par Kantar en 2020, 64% des Français privilégient pourtant les produits locaux au cours de leurs emplettes.
Les écarts de coût de production
D’après les informations relayées par 60 Millions de consommateurs, le coût de l’heure de travail en France serait de 37, 30€ contre 27, 80€ dans l’Union européenne. En Allemagne, celui-ci s’établit à 37 euros, après l’introduction du salaire minimum. Dans les faits, des travailleurs détachés originaires d’Europe centrale ou de l’Est se chargent de l’abattage et de la découpe de viande.
Ils travaillent en prestation de services aux conditions de leur pays d’origine ce qui explique, en partie, l’écart du coût de production avec la France. D’autres pays comme les Pays-Bas et la Belgique ont également recours à ce type de recrutement. Ajoutez à cela le niveau de sécurité au travail plus élevé auquel les PME hexagonales doivent se soumettre.
Dans le domaine agricole, les écarts de coûts de production entre la France et nos voisins limitrophes se creusent : le concombre (+75 %), les nectarines (+55 %), les carottes (+45 %) ou même les pommes (+42 %), d’après Eurostat.
L’inflation déclenchée par la loi Egalim
Entrée en vigueur en France depuis fin 2018, la loi Egalim se traduit par l’imposition d’une marge de 10% sur le seuil de revente à perte. Il s’agit d’un principe du tripartisme. En effet, les consommateurs ont accès à une alimentation saine et durable. De leurs côtés, les distributeurs encaissent l’argent dont une partie doit être restituée aux producteurs agricoles.
Seulement voilà, celle-ci « a déclenché une inflation qui est venue accroître les marges de l’industrie agroalimentaire et de la distribution, sans revalorisation des prix pour les producteurs », peut-on lire dans un bilan de la loi Egalim.