Cinéma

« Quand on parle fric, il perd son humour » : le réalisateur des Visiteurs balance sur le comportement d’un acteur


Dans ses mémoires, Jean-Marie Poiré révèle une scène inattendue des coulisses des Visiteurs. Enthousiasme, performance improvisée… puis négociation glaciale : Fabrice Luchini voulait un rôle, mais les chiffres ont tout fait basculer.

Dans son livre Rire est une fête, publié en 2024, Jean-Marie Poiré retrace sa carrière avec humour, lucidité et une bonne dose d’autodérision. Parmi les nombreux souvenirs évoqués, l’un d’eux sort du lot : une rencontre étonnante avec Fabrice Luchini, en plein casting du film culte Les Visiteurs.
Ce moment, aussi théâtral qu’inattendu, en dit long sur les coulisses du cinéma… et sur les subtilités de l’égo dans le monde des comédiens.

🎭 Fabrice Luchini tombe sur le scénario par hasard

Tout commence par un appel inattendu. Fabrice Luchini, alors déjà une figure reconnue du cinéma français, contacte Jean-Marie Poiré après avoir découvert par hasard le script des Visiteurs sur le bureau de son agent. Enthousiaste, il confie au réalisateur :

« C’est très drôle ! J’ai adoré le rôle du dentiste. Vous avez déjà quelqu’un en vue ? »

La réponse étant négative, Luchini n’hésite pas :

« C’est pour moi. »

🍽️ Un déjeuner qui tourne à la démonstration d’acteur

Convaincu par le potentiel comique du film, Luchini propose un déjeuner avec Jean-Marie Poiré pour discuter du rôle. Mais la rencontre prend une tournure pour le moins… théâtrale.

En plein repas, l’acteur se lance dans une performance improvisée, récitant avec fougue des passages du scénario. Impressionné, le réalisateur se laisse séduire par cette interprétation passionnée. Le rôle du dentiste semble tout trouvé.

💰 Le tournant inattendu de la négociation

Mais quelques jours plus tard, le ton change. Fabrice Luchini rappelle le réalisateur… et ne parle plus de jeu ou de texte, mais de cachet. Il exige un salaire équivalent à ceux de Christian Clavier ou Jean Reno, têtes d’affiche du film. Une demande surprenante pour un rôle secondaire.

Jean-Marie Poiré, un brin ironique, le titille :

« Les deux ensemble ou séparément ? »
Ce à quoi Luchini répond sans détour :
« Séparément, bien sûr. »

C’est à ce moment-là que le réalisateur lâche cette phrase désormais célèbre :

« Quand on parle fric, il perd son humour. »

🎬 Une décision artistique… et financière

Jean-Marie Poiré explique alors à l’acteur que le financement du film est déjà bouclé. Ajouter un nouveau nom au casting, même prestigieux, ne changerait rien à l’équilibre budgétaire. Fabrice Luchini, malgré son talent évident, ne représente pas à ce moment-là une valeur bancaire suffisante pour justifier son exigence salariale.

Un constat dur, mais réaliste dans une industrie où l’économie dicte souvent les choix artistiques.

🧾 Le rôle ira finalement à un autre

Face à cette impasse, Jean-Marie Poiré préfère faire appel à Christian Bujeau, un acteur moins connu mais dont la participation respecte le cadre budgétaire du film. Le rôle du dentiste lui reviendra donc, dans une version plus discrète mais sans heurts.

🎤 Une conclusion pleine de sagesse (et d’ironie)

Jean-Marie Poiré conclut cette anecdote dans son livre avec un brin de philosophie :

« Il faut savoir parfois ne pas être trop rigide en affaires. »

Un rappel que, même dans le monde du cinéma, la passion ne suffit pas toujours à faire plier les chiffres.