Le chef de l’Etat l’avait évoqué lundi 1er mars, lors d’une visite en Seine-Saint-Denis. Un délai par la suite confirmé par le ministre de la Santé Olivier Véran, en conférence de presse. Les Français allaient devoir encore attendre 4 à 6 semaines avant d’espérer bénéficier d’un assouplissement des mesures sanitaires. Une déclaration qui s’avère aujourd’hui fausse, puisque ce mercredi 31 mars, le chef de l’Etat vient d’annoncer un confinement général.
Une promesse à priori impossible à tenir ?
« Le couvre-feu et les mesures actuelles seront à minimum sur les quatre à six prochaines semaines », déclarait Olivier Véran lundi 1er mars, sur France 2. Un délai également évoqué le même jour par Emmanuel Macron, qui répondait à la question d’un jeune de Seine-Saint-Denis sur le couvre-feu. Le président avait alors précisé qu’il fallait « tenir encore quelques semaines », avant d’ajouter plus tard : « quatre à six semaines ».
Pourquoi un tel délai ? Le gouvernement semblait vouloir attendre l’arrivée des beaux jours avant d’assouplir les mesures sanitaires. Pourtant, de nombreux chercheurs prévoyaient un pic épidémique autour de la mi-mars, ce qui a effectivement eu lieu. Interrogés par le Journal du Dimanche (JDD) le 28 février dernier, Philippe Amouyel et Luc Dauchet prévoyaient ainsi une forte hausse des contaminations autour du 20 mars.
« La situation ne pouvait que se détériorer », estiment les épidémiologistes
« Avec de telles mesures, la situation ne pouvait que se détériorer », estimait pour sa part Michaël Rochoy, docteur en épidémiologie. Pour le spécialiste, Emmanuel Macron aurait dû annoncer dès le 1er mars dernier un confinement strict, ce qui aurait pu permettre d’assouplir les mesures à la fin mars, « voire avant ».
Quant à l’épidémiologiste Catherine Hill, celle-ci disait ne pas comprendre une telle déclaration du chef de l’Etat et de son ministre de la Santé. « Je ne comprends pas sur quoi Emmanuel Macron s’est basé », s’indignait-elle avant d’assurer : « Ça n’avait aucune chance d’avoir lieu avec les mesures qui étaient en vigueur au 1er mars ».
Pour la chercheuse, « il fallait agir dès janvier » si l’on espérait un printemps moins restrictif. « On a proposé des mesures, mais rien n’a été fait », déplore Michaël Rochoy qui fait remarquer qu’au même moment, le télétravail avait même été allégé le 7 janvier dernier par Elizabeth Borne, ministre du Travail.
Les Français face au troisième confinement
Pour de nombreux épidémiologistes, l’annonce d’un reconfinement national n’est donc pas une surprise. Ce mercredi 31 mars 2021, Emmanuel Macron a en effet annoncé l’élargissement des mesures à tout le territoire, ainsi qu’un durcissement des conditions. Crèches, écoles, collèges et lycées s’apprêtent donc à fermer pendant trois à quatre semaines.
Comme le prévoyaient de nombreux chercheurs, « un effort supplémentaire » est donc demandé aux Français et la promesse d’un assouplissement des mesures au printemps n’a donc pas pu être tenue. Ce nouveau confinement ne sera pas sans répercussion pour l’économie du pays. Comme le relève le quotidien espagnol El Mundo, « la France est le pays européen où le pourcentage de femmes actives est le plus élevé ». Le pays compte également un fort pourcentage de familles monoparentales. Autant de Français qui n’auront pas forcément la possibilité de faire du télétravail.