Ils ont des noms de famille qui peuvent faire rire. Mais derrière les moqueries, un réel sentiment de lassitude, voire même de tristesse peut s’installer. En 1985 déjà, un journaliste avait fait le tour de la France pour rencontrer ces personnes dont les noms de famille prêtent à rire.
Si la plupart des personnes ne souhaitent pas s’exprimer à ce sujet, certains ont accepté de dévoiler ce qu’ils pensent réellement de leurs noms de famille. Alors, qu’en pensent M. Cocu ou Mlle Connard ?
M. Cucuron
« Cucuron, c’est dur à porter ? »
« Dur… Le mot est peut-être un peu fort, mais ça demande un effort ! »
M. Labitte
« M. Labitte, c’est dur à porter ? »
« Le nom de Labitte… Oui, ce n’est pas très facile à porter. On supporte très facilement ce nom quand on est adulte. C’était beaucoup plus difficile quand j’étais enfant. Quand je suis arrivé à l’armée aussi. Je leur ai donné un laps de temps : huit jours pour se moquer de Labitte. Au bout du neuvième jour, un petit malin a trouvé drôle de continuer, il a été faire un petit stage à l’infirmerie. »
M Labitte a également fait rire les forces de l’ordre, lorsqu’il a été arrêté sur les grands boulevards pour une infraction de la route. « Quand il a vu mes papiers, il a souri largement et m’a dit bon allez ça va pour cette fois ! »
Mme Labitte
« M. Labitte vous a-t-il dit son nom tout de suite ? »
« Oh non, pas du tout ! La première fois qu’il m’a écrit, il a signé uniquement avec ses initiales. »
M. Meurdesoif
« Quelles sont les réactions des gens ? »
« En général, les réactions sont sympathiques. »
Mme Meurdesoif
« Mme Meurdesoif, c’est dur à porter ?
« Avant d’être charcutière, j’étais professeur d’anglais. J’hésitais à inscrire mon nom au tableau à la rentrée. »
Docteur Lacuisse
« Mme Lacuisse, c’est dur à porter ? »
« J’avais 10 ou 12 ans, je passais des tests pour les championnats d’académie et on nous appelait dans les starting-blocks. Le monsieur a dit « Lacuisse » et les 40 petites filles se sont mises à rire. J’ai gagné la course, j’étais dans une rage folle ! Je suis mariée depuis un an, mais j’ai gardé mon nom de jeune fille. »
M. Cocu
« Cocu, c’est dur à porter ? »
« Pas vraiment, non. » « Quand votre femme a connu votre nom, est-ce qu’elle a été surprise ? » « Dans un premier temps, oui, mais après ça ne l’a pas tellement touchée ».
Mme Trompette
« Mme Trompette, c’est dur à porter ? »
« Quand j’ai connu le nom de mon mari, je pensais que c’était un surnom ! Après j’ai énormément réfléchi et hésité longtemps à donner ma réponse en raison de son nom… »
Mme Nichon
« Nichon, c’est dur à porter ? »
« Non, pas du tout. Mais mon mari m’a avoué qu’il s’appelait Nichon quelques jours seulement avant notre mariage. Un jour j’ai affaire à une employée. Elle est prise d’un fou rire et ne peut plus continuer à s’occuper de moi. Elle a dû se tenir à l’écart et être remplacée. »
Mme Frankenstein
« Mme Frankenstein, c’est dur à porter ? »
« Mme Frankenstein est plutôt dur à porter. Ça fait tout de suite le monstre, alors que ce n’est pas le monstre mais le nom de son créateur, le docteur Frankenstein. Les gens vous regardent d’un air surpris et se mettent à rire. »
Mlle Connard
« Connard, c’est dur à porter ? »
« Pour moi personnellement, ce n’est pas un nom difficile à porter. Je n’y vois aucun inconvénient. Ça ne me donne pas de complexes du tout. »
M. et Mme Bordel
« C’est dur de s’appeler Bordel ? »
« Bordel est très difficile à porter. Depuis mon enfance je n’ai entendu que des quolibets sur ce nom, confie M. Bordel. Ma scolarité s’est passée mal à cause de la singularité de mon nom. Je me suis défendu soit par l’ironie, soit par le silence. »