Ces derniers mois, un mot étrange a envahi les réseaux sociaux chinois : « man mum ». Il désigne des hommes jeunes et musclés, louant leur temps — et leurs bras — à des femmes en quête de réconfort.
Le principe est simple : pour 20 à 50 yuans (soit environ 2,60 à 6,50 €), une cliente peut bénéficier d’un câlin de cinq minutes dans un lieu public, souvent une station de métro, un centre commercial ou un parc.
Le service est présenté comme strictement non sexuel. Tout se déroule sous surveillance, dans des espaces ouverts, et les échanges sont planifiés via des applications de messagerie.
À l’origine, le terme « man mum » faisait référence à des hommes passionnés de musculation. Aujourd’hui, il désigne surtout des hommes capables de mêler force et douceur, répondant à un besoin de sécurité émotionnelle dans une société de plus en plus stressée.
🫶 Témoignages : entre chaleur humaine et gêne sociale
Le phénomène est devenu viral après qu’une étudiante a partagé son expérience sur les réseaux sociaux :
« J’ai reçu un câlin une fois, et je me suis sentie en sécurité. Cinq minutes suffisent pour oublier le stress du quotidien. »
Son témoignage a dépassé les 100 000 commentaires, révélant une fracture sociale profonde : certains y voient une forme de guérison émotionnelle, d’autres une marchandisation inquiétante des sentiments.
Un autre “man mum”, prénommé Zhou, affirme avoir offert 34 câlins en un mois, gagnant environ 200 €. Pour lui, le fait de faire payer le service permet de maintenir une distance émotionnelle :
« Le paiement fixe une limite. Cela évite que l’un des deux s’attache. »
Certaines clientes, quant à elles, disent choisir leur “man mum” non pas pour son physique, mais pour son attitude apaisante. D’autres avouent que le contact d’un inconnu leur procure un sentiment rare : une chaleur humaine sans attente.
💔 Pourquoi cette tendance séduit-elle ?
1. La solitude moderne
Dans les grandes villes chinoises, la pression du travail, la compétition sociale et le coût de la vie laissent peu de place aux relations. Beaucoup de jeunes femmes se disent épuisées émotionnellement, cherchant une bulle de douceur dans un quotidien froid et hyperconnecté.
2. Le besoin de contrôle
Contrairement à une relation amoureuse, un câlin payant offre une relation cadrée et sans engagement. Pas de mensonge, pas d’attente, pas de dépendance : juste un instant de présence humaine. Cette clarté attire des femmes qui redoutent les complications affectives.
3. Une économie du réconfort
L’apparition des “man mums” s’inscrit dans une tendance plus large : celle de la monétisation du lien humain. Après les coachs de vie, les “amis à louer” ou les plateformes de conversation, les câlins payants incarnent la nouvelle frontière de l’économie émotionnelle.
⚠️ Les critiques et controverses
Si certains saluent une idée « douce et moderne », d’autres y voient une dérive inquiétante.
Marchandisation des émotions : transformer un geste d’amour en transaction pose une question morale : l’affection peut-elle être achetée ?
Risque de confusion : des psychologues alertent sur le danger de mélanger réconfort et désir. Une frontière fragile qui pourrait conduire à des dérives.
Isolement aggravé : en remplaçant les liens réels par des échanges tarifés, certaines femmes risquent de renforcer leur sentiment de solitude.
🌍 Un miroir de notre époque
Ce phénomène chinois dépasse le simple buzz. Il raconte quelque chose de profondement universel : le besoin d’être écouté, touché, compris.
Dans un monde où les relations deviennent virtuelles et les émotions filtrées, les “man mums” symbolisent une quête de chaleur… quitte à devoir la payer.
Et si cette tendance traversait les frontières ? Serait-elle accueillie comme un soin du cœur ou comme un scandale moral ?
Une chose est sûre : à l’heure où la solitude devient un mal mondial, le besoin d’humanité n’a jamais eu autant de valeur.
📚 Sources
South China Morning Post – “Man mums in China sell 5-minute hugs for US$7, gain popularity among lonely women”