Tranche de vie

Jean-Louis, 60 ans, SDF malgré 32 ans de travail : « Quand il fait froid, ce n’est pas agréable »

Un retraité sans domicile fixe
Jean-Louis a occupé un emploi pendant 32 ans. Il est aujourd'hui à la rue car le RSA ne lui permet pas de payer ses factures. Crédits : YouTube Imineo.

Jean-Louis a 60 ans. Il vit à Béthune, dans le nord de la France. Au RSA, il ne touche que 700 € par mois en attendant sa retraite. L'homme loue un appartement, mais n'arrive plus à régler ses factures. L'électricité a été coupée et dès la fin de la trêve hivernale, il sera expulsé.

« Je n’ai plus de logement », explique-t-il aux journalistes. « Quand il fait froid, ce n’est pas agréable », confie Jean-Louis qui dit ne plus avoir de chauffage depuis « plus de trois mois ».

Malgré 32 ans d’emploi, Jean-Louis est à la rue

A cause du grand froid, le sexagénaire ne pouvait plus rester chez lui. Les journalistes se rendent alors dans son logement, pour constater les faits. L’appartement de Jean-Louis est insalubre, l’humidité suinte des murs et les moisissures ont envahi l’habitation. Avec seulement 700 EUR de RSA par mois, Jean-Louis ne sait pas louer un appartement décent.

Capture d’écran Vidéo

Cet hiver, l’homme s’est résolu à faire appel à une association pour passer ses nuits au chaud. « C’est la première fois », confie-t-il, l’air abattu.

« Avant j’avais tout », tient-il à souligner. « J’ai travaillé pendant 32 ans dans une brasserie ». « C’est dur à avaler » de vivre maintenant comme un sans-domicile fixe. Ce soir, Jean-Louis va pouvoir dormir au chaud, mais dès demain matin 8 heures, il sera à nouveau dans le froid. Comme cet homme, de nombreux seniors qui ont pourtant travaillé vivent dans la précarité.

La précarité touche particulièrement les femmes seniors

En France, la pauvreté chez les seniors gagne du terrain. La crise sanitaire n’a rien arrangé et ils sont nombreux à ne plus parvenir à joindre les deux bouts. Près d’une femme sur dix, de 75 ans et plus, vit sous le seuil de pauvreté. Un chiffre qui est de l’ordre de 7,6 % pour les hommes de cette même tranche d’âge.

Cette différence s’explique par le fait que les femmes âgées ont eu des parcours professionnels interrompus par les grossesses notamment. Elles ont connu plus de périodes de chômage et ont occupé des emplois à temps partiel, afin de s’occuper de leurs enfants.

Ces femmes perçoivent donc une faible retraite. Lorsque leurs conjoints disparaissent avant elles, elles vivent le plus souvent seules. Elles ont alors généralement des revenus de l’ordre de 800 euros par mois. Les hommes ne sont pas non plus épargnés. Même en ayant travaillé toute leur vie, les retraites sont faibles lorsque les paies l’étaient aussi.

photo d’illustration

Trouver un emploi lorsque l’on est senior : un parcours du combattant

Pour ceux encore en âge de travailler, trouver un emploi lorsque l’on est un senior relève du parcours du combattant. Les personnes de plus de 50 ans en recherche d’activité professionnelle restent deux fois plus longtemps au chômage que les autres classes d’âge. Une grande précarité s’installe. En 2017, près de 170 000 seniors n’ayant pas atteint l’âge de la retraite vivaient avec près de 880 euros par mois, d’après la Cour des comptes.

Pour ces seniors qui n’ont pas encore le droit de liquider leurs droits à la retraite, c’est la triple peine. Outre le manque de revenus et l’absence d’opportunité professionnelle, ils doivent se tourner vers les minima sociaux tels que le RSA. Des aides sociales qui ne donnent pas lieu à des cotisations d’assurance-vieillesse…