Charrié par les vents de la tempête Dennis, l’épave d’un bateau de 77 mètres s’est retrouvée sur un banc de rochers des côtes sud de l’Irlande, le 16 février dernier. Et dès le 19 février, ses propriétaires ont réclamé le bateau fantôme, rapporte un article de Ouest France.
En effet, « une personne prétendant représenter le propriétaire du bateau a pris contact avec l’organisme chargé de la gestion des épaves », a déclaré un porte-parole de l’autorité fiscale de Cork. Cependant, près de quatre mois après, l’épave du « bateau fantôme » n’a toujours pas bougé.
Plusieurs mois d’errance en haute mer
« C’est un cas sur un million. Je n’ai jamais, jamais vu quelque chose d’abandonné comme ça auparavant », a déclaré John Tattan. Le chef de la Royal National Lifeboat Institution (RNLI) de Ballycotton a témoigné sa stupéfaction, lors d’un entretien pour Irish Examiner.
Lors de sa découverte près du village de Ballycotton, dans le comté de Cork, le MV Alta était en effet inoccupé. Si bien qu’on l’a surnommé le « bateau fantôme ». Et à juste titre, car selon la presse, le vaisseau qui aurait erré dans l’océan, sans équipage pendant près d’un an.
La BBC notamment, a indiqué que l’Alta avait subi une avarie inconnue en septembre 2018, en tentant de relier la Grèce et Haïti. Mais faute de pouvoir le réparer, l’équipage l’aurait abandonné. Dès lors, le cargo aurait dérivé entre les Bermudes et l’océan Atlantique.
Les garde-côtes américains quant à eux, affirment qu’à cette période, ils étaient en contact avec les propriétaires, basés en Tanzanie a priori. D’ailleurs l’US Coast Guard leur avait porté assistance. Ils ont d’abord ravitaillé par hélicoptère l’équipage en manque de vivres. Mais, voyant que la situation était sans issue, ils ont évacué les dix marins à bord, vers Porto Rico. Et selon le Guardian, l’Alta aurait été « remorqué jusqu’en Guyane » suite à ce sauvetage.
Toutefois, le propriétaire aurait déclaré le détournement de son bateau à deux reprises, expliquera encore le site d’informations maritimes Fleetmon. On ignore donc où l’Alta a pu voguer entre début octobre 2018 et août 2019, lorsque le patrouilleur HMS Protector de la Royal Navy britannique a retrouvé sa trace au milieu de l’Atlantique.
Menaces pour l’environnement et les hommes
Par ailleurs, depuis qu’il s’est échoué en Irlande, le « bateau fantôme » tombe en ruines. De plus, les inspections menées par les autorités locales ont révélé la présence de produits potentiellement dangereux. En effet,il reste un peu de carburant ainsi que des conteneurs scellés d’hydrocarbures à l’intérieur. Des substances hautement polluantes en cas de déversement !
Aucun contact avec le propriétaire: le contribuable devra payer l’enlèvement du bateau
Forcément, ce constat met les autorités irlandaises face à un grand dilemme. En effet, d’après la loi irlandaise, le traitement d’une épave relève de la responsabilité de son propriétaire. Aussi, celui-ci dispose d’un an pour se déclarer auprès de l’organisme de gestion des épaves et récupérer son bien.
Or, depuis le dernier contact en février, le propriétaire de l’Alta ne s’est plus manifesté. Et, sans nouvelles du propriétaire, c’est le contribuable qui devra procéder à l’enlèvement de l’épave. Cela, afin d’écarter les risques pour l’environnement et la population. Néanmoins, l’opération coûterait une vraie fortune. Plusieurs millions d’euros, d’après les estimations de Mark Hoddinott, un expert en sauvetage local.
« Je doute que l’État veuille l’enlever simplement parce qu’il était une horreur. Le coût d’une telle mesure serait trop élevé – 5 à 10 millions €, ou je dirais même un peu plus. Cela en vaut-il vraiment la peine ? Mon propre avis le serait, probablement pas », a-t-il analysé lors d’une prise de parole sur la chaîne radio RTE. Et à plus forte raison, la ferraille ne vaudrait plus rien, vu l’état du navire.
Cela dit, il faudra prendre une décision car on ne peut tout simplement regarder cette « horreur côtière », sans rien faire. Ce pourquoi, le comté a déclaré dans communiqué « nous travaillons à trouver une solution pour que ces matériaux soient retirés de l’épave en toute sécurité. »