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Lyon-Corbas : un détenu s’évade dans un sac de linge, la surveillante mise en cause


Une surveillante pénitentiaire se retrouve au cœur d’un scandale après l’évasion spectaculaire d’un jeune détenu accusé de meurtre. Une affaire surprenante, presque irréelle, qui met en lumière des failles inquiétantes au sein de la prison de Lyon-Corbas. Entre suspicion de complicité, dysfonctionnements graves et tensions au sommet de l’administration, l’enquête révèle une série d’événements qui laissent tout le monde sans voix.

Le 11 juillet dernier, les couloirs de la prison de Lyon-Corbas ont connu l’un des épisodes les plus inattendus de leur histoire. Un détenu de 20 ans, Elyazid A., soupçonné d’un meurtre en bande organisée, est parvenu à quitter l’établissement dans un simple sac de linge. Un geste audacieux, presque improbable, rendu possible grâce à une mise en scène millimétrée impliquant son codétenu, sur le point d’être libéré.

Selon les premiers éléments de l’enquête, le plan semble avoir été exécuté avec un calme déconcertant. Le codétenu aurait placé le sac dans un chariot, passé le greffe sans être inquiété, puis récupéré le précieux chargement avant de franchir, sans contrôle, les portes de la maison d’arrêt. Ce n’est que le lendemain que l’absence du jeune homme a été remarquée en cellule.

Trois jours de cavale qui interrogent

L’évasion a déclenché une vaste opération de recherche dans la région lyonnaise. Pendant trois jours, le fugitif a circulé sans attirer l’attention, avant d’être interpellé à Sathonay-Camp. Son complice présumé a, lui, été arrêté quelques heures plus tard à Marseille. Les deux hommes ont été placés en détention provisoire dans des établissements distincts.

Mais derrière cette cavale express, un autre élément a rapidement attiré l’attention des enquêteurs : le rôle d’une surveillante pénitentiaire.

La surveillante au cœur du scandale

Présentée aux magistrats instructeurs le 27 novembre, la surveillante a été mise en examen pour évasion en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs et communication non autorisée avec un détenu. Elle est désormais interdite d’exercer dans la fonction publique, une décision qui témoigne de la gravité des faits qui lui sont reprochés.

Les enquêteurs cherchent à comprendre ce qui a pu mener une professionnelle chargée d’assurer la sécurité de la prison à se retrouver impliquée dans une évasion aussi audacieuse. Y a-t-il eu manipulation, rapprochement personnel, ou véritable complicité assumée ? Les réponses restent, pour l’instant, floues.

Des dysfonctionnements qui secouent l’administration

Au-delà des soupçons visant la surveillante, l’affaire met en lumière une série de failles internes. Le directeur de l’administration pénitentiaire, Sébastien Cauwel, a dénoncé des dysfonctionnements “graves” et “inadmissibles”, évoquant un procédé d’évasion extrêmement rare qui interroge sur les procédures de contrôle et la vigilance générale au sein de l’établissement.

Une enquête interne a été ouverte, ainsi qu’une inspection de la justice pour analyser précisément comment un simple sac de linge a pu devenir l’instrument d’une évasion aussi spectaculaire.

Une affaire qui laisse un goût amer

Entre le choc suscité par la facilité de la fuite, la mise en examen d’une surveillante et les tensions administratives, cette affaire agit comme un révélateur des fragilités d’un système déjà sous pression. Elle soulève aussi une question essentielle : comment garantir la sécurité des établissements pénitentiaires lorsque ceux censés la préserver se retrouvent eux-mêmes mis en cause ?

Sources :
AFP, Le Parisien, Le Progrès