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« Il y a trop de kebabs en France » : Ces retraités fans de CNews déclenchent une tempête en ligne


Un reportage de "Complément d’enquête" diffusé en novembre sur France 2 met en lumière un couple de retraités captivé par CNews. Leur avis tranché sur les kebabs sème la zizanie sur la toile, déclenchant un véritable ouragan de réactions

Jeudi soir, l’émission Complément d’enquête s’attaque à un sujet brûlant : l’influence de CNews sur son public. Intitulé « Des infos ou désinfo ? La méthode CNews », le reportage plonge dans le quotidien de téléspectateurs fidèles de la chaîne d’information en continu. Parmi eux, un couple de retraités, anciens gérants d’auto-école, filmé chez lui, télé allumée dès le matin.

Face caméra, le mari lâche une phrase qui va embraser les réseaux sociaux : « Il y a trop de kebabs en France. On perd la gastronomie française. » Une affirmation prononcée calmement, presque comme une évidence, après avoir regardé un sujet diffusé à plusieurs reprises sur la chaîne.

CNews, une audience en hausse et une ligne éditoriale assumée

Au moment de la diffusion, CNews affiche des scores d’audience records, dépassant ses concurrents directs. La chaîne, contrôlée par le milliardaire Vincent Bolloré, séduit un public fidèle, souvent convaincu d’y trouver des thèmes « passés sous silence ailleurs ».

Dans le reportage, la retraitée explique que la chaîne parle enfin de leurs « préoccupations ». Son mari renchérit, évoquant l’immigration, la laïcité, et ce qu’il perçoit comme un déclin culturel. Des mots lourds de sens, qui donnent l’impression d’un discours nourri jour après jour par les mêmes angles, les mêmes débats, les mêmes images.

Quand les faits contredisent le ressenti

Là où le reportage bascule, c’est lorsque les journalistes confrontent cette perception à la réalité. Contrairement à ce qui est suggéré à l’antenne, il n’y aurait pas d’« explosion » du nombre de kebabs en France. Les chiffres avancés montrent une stabilité depuis une dizaine d’années, loin de l’invasion décrite.

Ce décalage entre le ressenti des téléspectateurs et les données factuelles soulève une question centrale : comment une information répétée peut-elle devenir une vérité, même lorsqu’elle est inexacte ? Dans le cas du couple filmé, le sujet a été vu plusieurs fois dans la même journée, débattu à l’antenne, jusqu’à s’ancrer comme une certitude.

Une indignation massive sur les réseaux sociaux

Dès la diffusion de l’extrait sur Instagram, les réactions affluent. De nombreux internautes parlent de « racisme décomplexé », d’autres dénoncent « le danger des écrans », y compris chez les personnes âgées. Certains s’étonnent même que la question des kebabs puisse devenir une priorité nationale, quand d’autres problèmes touchent le quotidien des Français.

La séquence devient virale, non pas pour ce qu’elle révèle sur la restauration rapide, mais pour ce qu’elle dit de la société. Elle expose une fracture profonde, entre un public qui se sent enfin entendu et une autre partie de l’opinion qui voit dans ces discours une banalisation inquiétante de stéréotypes.

Une télévision qui façonne les imaginaires

Au-delà de la polémique, Complément d’enquête interroge le rôle des chaînes d’information en continu. À force de marteler les mêmes thèmes, de les présenter sous un angle anxiogène, elles peuvent créer un sentiment d’urgence ou de menace, même lorsque les faits ne le justifient pas.

Le couple de retraités n’apparaît pas comme hostile ou violent. Au contraire, leur discours se veut posé, presque bienveillant. C’est précisément ce qui trouble. La controverse ne vient pas d’un excès, mais d’une normalisation. Et c’est cette banalité, captée par les caméras, qui glace une partie des téléspectateurs.

Une séquence révélatrice d’une France divisée

Cette affaire dépasse largement le simple débat autour des kebabs. Elle met en lumière une France fragmentée, où l’information n’est plus seulement un reflet du réel, mais un prisme qui façonne les émotions, les peurs et les colères.

En quelques minutes d’antenne, le reportage a réussi à cristalliser un malaise profond. Celui d’un pays où deux visions du monde s’affrontent, parfois sans même se comprendre, chacune persuadée de détenir sa propre vérité.

Sources

France 2 – Complément d’enquête
Publications et extraits diffusés sur les réseaux sociaux de l’émission