Actualités

Fatiguée d’attendre la justice, elle expulse sa locataire… et filme tout !


Quand la justice tarde, certains décident de prendre les choses en main — quitte à flirter avec l’illégalité. Voici l’histoire spectaculaire d’une propriétaire qui, à bout, vire sa locataire en silence… et filme l’expulsion. Entre scandale, morale et contestation, cette affaire relance le débat : jusqu’où peut-on aller quand on est seul face à la perte et à l’injustice ?

Léa, une jeune agente immobilière, ne touchait plus aucun loyer depuis des mois. Après dix-huit mois de promesses non tenues, elle finit par craquer : « impossible de la contacter… j’ai changé les serrures, déménagé ses affaires ». Sa vidéo diffusée sur TikTok, titrée « Bref, j’ai délogé ma locataire », a rapidement fait le tour des réseaux. Certains la saluent comme une courageuse, d’autres la dénoncent comme une hors-la-loi.

Pourtant, dans ses propos, elle reste ferme, sans regret : « Si c’était à refaire, je le referais encore et toujours ». Elle assume son geste extrême, convaincue que la loi ne l’a pas soutenue.

Le contexte d’un conflit intense : impayés, lenteurs, impuissance

Pendant plus de six mois, sa locataire n’a versé aucun loyer. À l’origine, Léa avait même consenti à six mois gratuits — des travaux étaient censés être faits dans le logement, mais jamais réalisés. La locataire, loin de courber l’échine, aurait ensuite utilisé l’appartement comme local professionnel sans jamais payer.

En contact avec les médias, Léa explique qu’elle a fini par relativiser : les démarches judiciaires d’expulsion peuvent durer un an, voire plus, selon les cas. En attendant, elle perdait de l’argent, vivait dans l’angoisse et ressentait un profond sentiment d’abandon par les institutions.

L’illégalité assumée

Ce qui choque, c’est le passage à l’acte — sans passer par les voies légales. En France, procéder soi-même à l’expulsion d’un locataire ou changer les serrures autrement que par un huissier est un délit. Un propriétaire qui agit sans intervention judiciaire s’expose à jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende pour expulsion illégale. (Litige)

Léa semble consciente du risque. Mais pour elle, le calcul était simple : continuer à perdre de l’argent ou tenter le coup — quitte à enfreindre la loi. Dans sa tête, c’était une guerre de survie financière.

Ce que dit la loi anti-squat (et ce qu’elle change)

Depuis juillet 2023, la France a durci le cadre légal contre les occupations illégales avec la loi dite « anti-squat » ou loi Kasbarian-Bergé. Ce texte vise à mieux protéger les propriétaires tout en réaffirmant l’encadrement légal de l’expulsion. (vie-publique.fr)

Parmi les principaux changements :

  • Le délit de violation de domicile peut être puni jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende dans certains cas. (vie-publique.fr)

  • La procédure “anti-squat” accélérée permet dans certaines situations de faire évacuer un occupant sans titre dans un délai d’environ 72 heures après intervention du préfet, selon l’article 38 de la loi DALO. (Litige)

  • La trêve hivernale ne protège pas les squatteurs sans droit ni titre. (Gestion Cassini)

  • Les sanctions financières pour les locataires qui refusent de quitter un logement après une décision d’expulsion ont été renforcées (amendes, condamnations). (vie-publique.fr)

Mais attention : ces mécanismes ne couvrent pas les situations de “locataires défaillants” classiques — le cadre reste strict, les juges conservent certaines marges, et les procédures peuvent rester longues dans les cas judiciaires.

Où se situe cette affaire : victime ou coupable ?

Dans ce face-à-face numérique, Léa est devenue le visage d’un ras-le-bol. Elle incarne la frustration de nombreux propriétaires qui subissent des impayés tandis que les recours légaux semblent trop lents. Elle suscite de l’admiration chez certains pour avoir “agi enfin”, mais aussi de l’indignation de ceux qui estiment que tout ne peut pas se résoudre par la violence.

Pour les juristes, ce genre de geste est dangereux. Il menace l’État de droit : si chacun s’arroge le droit d’agir, le système légal s’effrite. L’équilibre reste fragile entre deux droits fondamentaux : celui de la propriété d’un côté, celui au logement de l’autre.

Ce que retenir — et ce qui reste en suspens

Cette affaire illustre crûment la détresse d’un propriétaire face à l’inaction perçue des institutions. Léa, exaspérée, a sauté le pas, au risque de passer de victime à auteur d’une infraction.

Mais les problématiques soulevées sont vastes : la lenteur des procédures, le déséquilibre entre droits, l’efficacité réelle de la loi anti-squat, et la justice sociale pour les locataires précaires.

Au-delà du buzz, c’est une question de société. Jusqu’où accepter que des citoyens prennent la loi en main ? Et jusqu’où tolérer que l’injustice fasse reculer le bon sens ?

Sources principales

  • Service Public, « Que faire quand des squatteurs occupent un logement » (service-public.fr)