Depuis 2023, la collecte de lait de chèvre en France a connu une baisse significative de près de 10%. Cette diminution est particulièrement préoccupante alors que les nombreux amateurs de fromage de chèvre risquent de voir leur produit préféré se raréfier sur les étals. Selon Sylvain Boiron, secrétaire général de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres, deux facteurs principaux expliquent cette tendance inquiétante : un aspect structurel et un aspect conjoncturel.
« La baisse des volumes de production s’explique de deux façons : structurelle et conjoncturelle », a expliqué Sylvain Boiron. « Conjoncturelle, parce qu’on vient de passer une année et demie catastrophique d’un point de vue climatique, donc on a des mauvaises récoltes de fourrage », a-t-il ajouté.
Les défis climatiques et structurels
David Chataignon, un éleveur de 200 chèvres à proximité de Saint-Étienne, partage également son inquiétude. Il note que le début de l’année 2024 a été marqué par un temps pluvieux, ce qui a compromis la qualité des foins : « L’année dernière a été une année très pluvieuse où les foins n’ont pas forcément été faits au bon stade », explique-t-il. Par conséquent, la période de lactation atteint péniblement son pic. Cette situation météorologique défavorable n’est pas le seul tracas des éleveurs.
Outre la météo, la filière est également confrontée à un vieillissement des éleveurs. « Il y a aussi quelque chose de plus structurel, avec la démographie des éleveurs, qui est de plus en plus vieillissante », indique Raphaël Guyet, directeur de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres. Les départs à la retraite ne sont pas suffisamment compensés par de nouvelles installations, accroissant le risque de pénurie.
Une réaction nécessaire pour éviter le manque
À mesure que les défis s’accumulent, tant les professionnels que les consommateurs expriment leurs préoccupations. Sylvain Boiron souligne l’importance de revaloriser le métier d’éleveur en offrant une meilleure rémunération pour enrayer la désertion progressive de la profession. « En conséquence, le lait de chèvre est moins disponible sur le marché, » rappelle-t-il. Cependant, il refuse de parler de pénurie, bien que la tension sur les prix semble inévitable.
De l’autre côté, certains consommateurs sont prêts à accepter une augmentation de prix pour soutenir les éleveurs et empêcher une éventuelle pénurie. Des efforts concertés entre producteurs et consommateurs pourraient donc permettre à ce fromage emblématique de continuer à trôner sur les tables françaises.
Face à ces nombreux défis, l’avenir du fromage de chèvre reste incertain. Néanmoins, le secteur montre une volonté de s’adapter et de surmonter les obstacles. David Chataignon, véritable passionné, demeure optimiste. Une collaboration accrue entre éleveurs, consommateurs et autorités pourrait bien être la clé pour sauvegarder cet emblème de la gastronomie française.