Le 15 avril, lors d’une intervention sur France Info, Patrick Martin, le président du Medef, a suscité une vive controverse en proposant une mesure radicale pour combler le déficit de la Sécurité sociale. Selon lui, les individus refusant de se faire vacciner devraient prendre la responsabilité de leurs choix sur le plan financier.
Une proposition qui divise
Lors de son passage sur France Info, Patrick Martin a présenté une idée qui n’a pas tardé à faire réagir. « Quand des patients refusent de se faire vacciner et sont ensuite hospitalisés aux frais de la collectivité, ça ne serait pas illogique de leur dire : ‘Vous avez refusé la vaccination alors qu’elle est gratuite. Vous coûtez très cher à la collectivité. Donc vous payez les traitements que vous subissez' », a-t-il déclaré.
Cette déclaration fait écho aux récents débats autour des finances publiques, notamment ceux tenus durant la conférence lancée par François Bayrou. L’objectif est de réaliser 40 milliards d’euros d’économies pour le budget de 2026. Pour Patrick Martin, il est essentiel de responsabiliser les comportements individuels en matière de santé.
Économies sur le dos des non-vaccinés ?
Dans son intervention, Patrick Martin a été clair. Il ne s’agit pas seulement de réduire le remboursement des soins des non-vaccinés, mais aussi de revoir le coût global de l’État et de ses administrations. Avec un coût de distribution des aides sociales montant à 47 milliards d’euros par an, Martin estime qu’un ajustement inspiré des pratiques européennes pourrait permettre d’importantes économies. Ainsi, il propose également une augmentation ciblée de la TVA afin de mieux équilibrer le financement de la protection sociale sur d’autres sources que les entreprises et les salariés.
En soulignant les pesanteurs administratives, il a déclaré : « L’empilage d’administration, de paperasse, de formulaires, etc. » constitue un fardeau dont il faudrait aussi se libérer pour optimiser les finances.
Éthique et économie de la santé
Néanmoins, cette proposition de Patrick Martin soulève des questions éthiques majeures. L’égalité d’accès aux soins médicaux est un principe fondamental de la Sécurité sociale française. Pour certains, conditionner le remboursement des soins à la vaccination pourrait s’apparenter à un recul de cet idéal. Pendant la pandémie de Covid-19, une idée similaire avait déjà été proposée mais abandonnée en raison de son caractère potentiellement clivant et juridiquement fragile.
Le chef du Medef a insisté sur la nécessité de responsabiliser les citoyens face à la dépense publique. « On est dans une forme de déresponsabilisation totale où certains, partant du principe que c’est les autres qui payent, se disent : ‘c’est gratuit' », s’est-il indigné. En somme, pour Martin, il ne s’agirait pas simplement d’une question économique, mais bien d’une démarche collective vers une gestion plus consciente des fonds publics.
Des réactions contrastées
Cette sortie de Patrick Martin a évidemment suscité de vives réactions. Des professionnels de santé et des syndicats se sont exprimés, rappelant avec force l’importance vitale d’un accès aux soins pour tous, quelles que soient les raisons médicales ou logistiques de leur état de santé. En outre, la Cour des Comptes a aussi récemment suggéré d’adapter les remboursements en fonction de la situation financière des patients, une approche que le dirigeant du Medef refuse, arguant que la fiscalité française est déjà suffisamment progressive.
En conclusion, l’idée de Patrick Martin vient renforcer un vieux débat sur la solidarité nationale et la responsabilité individuelle dans le système de soins. Si certains voient cette proposition comme une approche nécessaire, d’autres la considèrent comme une érosion dangereuse des droits fondamentaux.