François Bayrou, nouveau Premier ministre, n’a pas tremblé en dévoilant le 15 juillet un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros. Et les retraités sont en première ligne. Ce pilier électoral, fort de 17 millions de personnes, se retrouve au cœur d’un effort budgétaire majeur.
« Le surendettement, qui nous oblige à emprunter chaque mois pour payer les retraites ou les salaires des fonctionnaires, est une malédiction », a justifié Bayrou. Pour lui, il est temps de « prendre ses responsabilités », quitte à s’attaquer à des acquis historiques.
🧊 Pensions gelées : une « année blanche » en 2026
C’est une première depuis des décennies. En 2026, aucune revalorisation des retraites ne sera appliquée, même en cas d’inflation. Ce gel complet devrait permettre à l’État d’économiser 7,1 milliards d’euros à lui seul. Une mesure choc qui rompt avec une tradition budgétaire jusque-là respectée, même en temps de crise.
🧾 Suppression de l’abattement fiscal : un autre coup dur
Autre décision emblématique : la fin de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite. Mis en place en 1978, il permettait de réduire le revenu imposable des retraités. À partir de l’impôt 2026, il sera remplacé par un forfait fixe de 2 000 € par foyer.
Si le gouvernement présente cette réforme comme « plus juste », elle pèsera lourdement sur les retraités les plus aisés. Selon le ministre de l’Économie Éric Lombard, ceux qui perçoivent plus de 20 000 € par an verront leur fiscalité augmenter, tandis que les foyers modestes devraient bénéficier d’une légère baisse.
📉 Un objectif budgétaire ambitieux… mais polémique
L’ambition affichée est claire : ramener le déficit public de 5,8 % à 4,6 % du PIB en 2026. Les économies attendues grâce aux retraités s’élèvent à près de 12 milliards d’euros, en cumulant le gel des pensions et la réforme fiscale.
Le Conseil des prélèvements obligatoires, dans un rapport d’octobre 2024, avait lui-même souligné que 30 % des avantages de l’abattement fiscal bénéficiaient aux foyers les plus riches, ce qui conforte le choix du gouvernement, du moins sur le papier.
⚠️ Une rentrée sociale explosive en perspective
Ces mesures ne passent pas inaperçues. Marine Le Pen dénonce un « choix de facilité », visant directement les Français au lieu de « traquer le gaspillage ». Elle a menacé d’une motion de censure si Bayrou ne revient pas sur ses décisions.
Du côté des syndicats, la réaction est tout aussi virulente. Sophie Binet (CGT) promet une mobilisation dès la rentrée : « Il nous trouvera sur son chemin pour empêcher ces reculs inacceptables. »
🎯 Un pari risqué pour Bayrou
En s’attaquant à un électorat fidèle et puissant, François Bayrou prend un risque politique majeur. Mais derrière cette stratégie se cache un objectif clair : rassurer les marchés financiers et envoyer un signal de rigueur à Bruxelles.
Ce plan d’austérité historique marque un tournant dans la politique budgétaire française. Et s’il réussit, Bayrou pourrait bien être vu comme celui qui a osé là où d’autres ont reculé. Mais à quel prix ?
📌 Sources :
Annonce du plan d’austérité, 15 juillet 2025
Intervention de François Bayrou et Éric Lombard (France 2)
Rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, octobre 2024