Société

La maladie du cerf zombie se répand… les humains doivent-ils s’inquiéter ?


Elle se propage rapidement chez les cerfs et inquiète désormais les scientifiques du monde entier. Surnommée “maladie du cerf zombie”, cette infection mortelle pourrait-elle, un jour, atteindre les humains ?

Souvent appelée à tort “maladie du cerf zombie”, la maladie débilitante chronique (MDC) touche aujourd’hui une large partie de la planète. Initialement identifiée dans les années 1980 chez des cervidés sauvages du Colorado et du Wyoming, elle est désormais présente dans 36 États américains, au Canada, mais aussi en Scandinavie et en Corée du Sud.

Cette affection neurodégénérative est incurable et systématiquement mortelle pour les animaux atteints : cerfs, élans, wapitis et même rennes.

Une “catastrophe au ralenti” selon les experts

Pour Michael Osterholm, épidémiologiste et directeur du Center for Infectious Disease Research and Policy à l’université du Minnesota, la progression de la MDC est inquiétante :

“C’est une catastrophe au ralenti en train de se produire.”

Le terme “cerf zombie”, bien que largement utilisé dans les médias, minimise la gravité de la situation. Car non, les animaux infectés ne reviennent pas à la vie : ils subissent une lente dégradation de leur système nerveux, les rendant amaigris, désorientés et condamnés.

Des prions résistants, vecteurs d’une propagation silencieuse

La maladie se transmet par des prions, agents infectieux redoutables capables de rester actifs dans le sol pendant des années.
👉 Salive, urine, excréments ou carcasses suffisent à contaminer un territoire entier.

Selon l’US Geological Survey, le transport de carcasses infectées à travers les États-Unis contribue à répandre la maladie encore plus vite. Michael Osterholm avertit :

“Des dizaines de milliers de personnes consomment probablement chaque année de la venaison contaminée, sans être conscientes du risque.”

Les humains sont-ils menacés ?

À ce jour, aucun cas humain n’a été identifié. Mais les scientifiques restent prudents. L’histoire de l’encéphalopathie spongiforme bovine, plus connue sous le nom de “vache folle”, rappelle que les maladies à prions peuvent mettre des années à révéler leurs effets sur l’homme.

En janvier 2025, 67 spécialistes ont publié un rapport concluant qu’une transmission à l’humain déclencherait une crise sanitaire mondiale, avec des conséquences sur la santé, l’agriculture, l’économie et les échanges internationaux. Leur constat est sans appel :

“Les États-Unis sont totalement non préparés face à une telle éventualité.”

Les chasseurs en première ligne

Dans de nombreuses régions, la chasse au gros gibier reste très répandue. La consommation et le partage de viande de cerf, pratique culturelle forte, augmente mécaniquement le risque. Pourtant, beaucoup de chasseurs ignorent les recommandations des autorités, qui conseillent de faire tester les carcasses issues de zones infectées avant toute consommation.

Un équilibre écologique menacé

La gestion de la faune sauvage est également pointée du doigt. Selon Bruce Smith et Tom Roffe, anciens responsables du National Elk Refuge, le maintien de zones d’alimentation artificielle où des milliers d’animaux se regroupent chaque hiver constitue un terrain idéal pour l’explosion d’épidémies.

Tom Roffe résume la situation de façon alarmante :

“Nous vivons aujourd’hui les conséquences de décisions ancrées dans le déni.”

Conclusion

La maladie du cerf zombie n’est pas un scénario de science-fiction. Elle se répand rapidement et menace déjà l’équilibre écologique. Si la transmission à l’humain reste hypothétique, les scientifiques insistent : il faut agir dès maintenant pour limiter sa propagation et prévenir une éventuelle crise sanitaire mondiale.

📌 Source : GEO, Chloé Gurdjian (2025), La maladie du cerf zombie : un risque pour l’humain ?