Fin de semaine dernière, le mensuel L’Incorrect révèle une séquence enregistrée à l’insu de Patrick Cohen et Thomas Legrand lors d’une rencontre informelle avec deux cadres du Parti socialiste. Au cœur du scandale, une phrase de Legrand : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick [Cohen] et moi », évoquée comme une connivence supposée visant à fragiliser Rachida Dati, candidate pour Les Républicains à la mairie de Paris. Face à cette révélation, France Inter suspend immédiatement Thomas Legrand à titre conservatoire.
Cohen dénonce un « vol de conversation privée »
Interrogé par La Tribune Dimanche, Patrick Cohen réagit avec véhémence :
« Tous les coups sont permis, c’est hallucinant. Il s’agit d’un vol de conversation privée. Il y a une plainte qui va être déposée ».
Il ajoute qu’il envisage d’étendre la plainte aux plateformes et médias ayant relayé la vidéo
Une posture dénoncée comme manipulatoire
Cohen, par ailleurs chroniqueur sur France 5 dans C à vous, insiste sur le fait que L’Incorrect a omis de préciser le contexte : cette rencontre aurait été organisée à l’initiative du PS, qui dénonçait selon lui le traitement réservé à Olivier Faure et au parti sur ses antennes. Selon lui, l’extrait présenté est tronqué, manipulatoire :
« On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’est complètement manipulatoire »
Une affaire qui fragilise l’audiovisuel public
La publication a déclenché une vague de critiques contre la neutralité et l’impartialité des journalistes du service public. Plusieurs voix politiques, comme celles de Jean-Luc Mélenchon et du parti Les Républicains, ont accusé les éditorialistes de collusion ou de parti pris avec le PS. Le PS, de son côté, dément toute collusion et accuse L’Incorrect de vouloir alimenter des fantasmes complotistes.0
Le retour en ondes de Cohen, Legrand dans l’attente
Alors que Thomas Legrand reste suspendu, Patrick Cohen devrait être à nouveau à l’antenne ce lundi matin dans la matinale de France Inter . Une indication claire de la différence de traitement entre les deux journalistes, justifiée par France Inter comme une différence de posture dans les vidéos (analyse pour Cohen, propos directs pour Legrand)
En synthèse
Une vidéo privée rendue publique jette France Inter dans une tourmente médiatique et éthique.
Cohen réagit en assénant qu’il s’agit d’un « vol » et lancera une plainte, y compris contre la diffusion massive.
Il dénonce un montage manipulateur sorti de son contexte.
La neutralité du service public est vivement remise en question par plusieurs personnalités politiques.
Seule Cohen retrouve l’antenne dès lundi, Legrand reste suspendu.
Pourquoi ce sujet choque-t-il vraiment ?
Le scandale secoue les fondements mêmes du journalisme politique : la frontière entre liberté d’informer et impartialité. Une conversation informelle devient, par diffusion hors contexte, un torchon polémique. Le rôle des médias, leur responsabilité déontologique et la pression politique sur les journalistes — tout est ici mis à l’épreuve. Et la riposte judiciaire de Cohen pourrait bien raviver le débat.