Depuis sa sortie le 14 septembre, « Kaizen », le documentaire d’Inoxtag sur son ascension de l’Everest, est un véritable phénomène sur YouTube. Ce film, relatant le périple exceptionnel du vidéaste de 22 ans, Inès Benazzouz (plus connu sous le pseudonyme Inoxtag), connaît un succès fulgurant avec déjà plus de 20 millions de vues.
TF1 a même décidé de le diffuser à la télévision le mardi 8 octobre prochain. Cependant, cette aventure époustouflante est loin de faire l’unanimité et fait l’objet de nombreuses polémiques. Pourquoi suscite-t-elle autant de réactions? Décryptage.
Un succès phénoménal
Sorti sur YouTube et dans certaines salles obscures, « Kaizen » a rapidement rencontré un énorme succès. Le film, qui dure 2h26, a été visionné plus de 20 millions de fois en l’espace de quelques semaines. Ce succès a attiré l’attention de TF1, qui a décidé de le programmer à 23h30, ce qui représente une reconnaissance importante pour Inoxtag.
Mais au-delà du succès commercial, le jeune vidéaste a également dû faire face à un flot de critiques.
Le coût pharaonique de l’expédition
L’une des premières sources de polémique concerne le coût exorbitant de l’expédition. D’un montant de 50 000 euros par personne, cette somme colossale a provoqué l’indignation de nombreux internautes et spécialistes. Ces derniers dénoncent la marchandisation de l’Everest, autrefois réservée aux alpinistes chevronnés, et aujourd’hui accessible à toutes les bourses, au grand bénéfice des autorités népalaises.
En 2024, un record de 479 permis d’ascension a été délivré, transformant l’Everest en une destination touristique où des files d’attente interminables sont devenues monnaie courante. Cette surfréquentation n’est pas sans conséquences environnementales, et beaucoup reprochent à Inoxtag de négliger cet aspect dans son documentaire. Pourtant, le jeune homme y fait brièvement allusion, préférant se concentrer sur son exploit personnel et le dépassement de soi.
Des critiques acerbes sur le contenu et la démarche
En parallèle, Pascal Tournaire, alpiniste ayant gravi l’Everest en 1990, a critiqué le caractère autocentré du film. « C’est très égocentré. Les trois quarts du film, c’est : ‘Regardez mon nombril’, ça ne va pas plus loin, » déclare-t-il.
Le célèbre alpiniste Benjamin Vedrines partage également cet avis : « Gravir l’Everest avec de l’oxygène, c’est comme faire le Tour de France avec un vélo électrique. » Ces critiques peuvent sembler sévères, surtout que seule une infime partie des alpinistes réussit l’ascension sans oxygène. L’usage d’oxygène est une pratique courante qui ne diminue en rien l’exploit d’Inoxtag.
Hypocrisie et invisibilisation des sherpas
Un autre aspect controversé est l’apparente hypocrisie du vidéaste, prônant une vie déconnectée tout en étant sponsorisé par Orange, un opérateur téléphonique. Beaucoup d’internautes n’ont pas manqué de relever cette contradiction, accentuant ainsi les critiques sur les motivations réelles de son message.
Au-delà de ces aspects, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’invisibilisation des sherpas dans le documentaire. Ces guides sont essentiels pour l’ascension de l’Everest, mais certains regrettent qu’Inoxtag ne les mette pas suffisamment en lumière. Toutefois, il convient de noter que le vidéaste a chaleureusement remercié ses accompagnateurs, reconnaissant publiquement qu’il n’aurait jamais réussi sans eux. De plus, il a offert un cadeau spécial à l’un des membres de son équipe, marquant ainsi sa gratitude.
Une performance à relativiser ?
Malgré ces critiques, justifiées ou non, Inoxtag continue de faire parler de lui. Son documentaire « Kaizen » reste une œuvre marquante, à la fois pour son impact médiatique et pour les réflexions qu’il suscite sur les enjeux de l’ascension de l’Everest et la vision du dépassement de soi dans notre société hyperconnectée.
Cette avalanche de critiques ouvre la voie à une réflexion plus vaste sur la façon dont les exploits personnels sont perçus et médiatisés. Inès Benazzouz, par son ascension spectaculaire, interroge la place de l’individu face à des défis de grande envergure et soulève des questions essentielles sur la responsabilité environnementale et la véritable nature du dépassement de soi.
Ces éléments contribuent non seulement à enrichir le débat autour des performances sportives enregistrées pour la postérité mais aussi à poser un regard critique sur la marchandisation des merveilles naturelles comme l’Everest.
En conclusion, « Kaizen », le documentaire d’Inoxtag, continue de diviser l’opinion publique. Si son succès phénoménal témoigne de l’intérêt porté par des millions de personnes, les diverses polémiques montrent également les limites de ce genre d’aventures spectaculaires.
Inès Benazzouz, de son vrai nom, a certes marqué les esprits, mais il a aussi rappelé, malgré lui, combien il est crucial de questionner nos modes de vie et nos ambitions personnelles dans un monde de plus en plus soumis à la surmédiatisation et aux enjeux environnementaux.