Ce dimanche matin, les policiers marseillais s’attendaient à une intervention classique. Pourtant, en quelques secondes, leur routine a basculé lorsqu’un VTT électrique surgit devant eux dans un vacarme de moteur inhabituel. Au guidon, un jeune homme de 22 ans, concentré, presque indifférent aux sirènes qui commencent à retentir derrière lui.
Repéré après une série d’acrobaties dangereuses, il refuse d’obtempérer. L’instant d’après, il s’engage à contresens sur l’autoroute, transformant la voie rapide en scène de chaos. Les motards de la police n’en reviennent pas : le vélo file à plus de 130 km/h, avalant l’asphalte comme une moto lancée en pleine charge.
Dans son sac, les enquêteurs découvriront ensuite de la cocaïne et du cannabis prêts à être livrés. Sur lui, les traces de consommations récentes ne laissent aucun doute sur son état au moment des faits.
Le VTT débridé, nouvel outil des réseaux de livraison
Depuis quelques mois, les forces de l’ordre constatent une évolution dans les méthodes employées par les petits réseaux de trafic. Les scooters trop bruyants, trop visibles, trop contrôlés laissent place à des vélos électriques débridés, capables d’atteindre des vitesses vertigineuses tout en se faufilant dans les ruelles les plus congestionnées de Marseille.
Cette adaptation séduit certains trafiquants, qui y voient un moyen de livrer plus vite et plus discrètement. Les moteurs surpuissants importés hors d’Europe, montés artisanalement sur des cadres qui ne sont absolument pas prévus pour de telles performances, transforment ces vélos en machines incontrôlables.
« On se retrouve avec une moto, mais sans la protection d’une moto », expliquent les professionnels du secteur, qui alertent sur la dangerosité extrême de ces montures bricolées.
Une dérive qui dépasse le seul trafic de drogue
L’affaire a aussi mis en lumière un autre phénomène : de plus en plus d’adolescents se filment en pleine vitesse sur ces vélos trafiqués, partageant leurs exploits sur les réseaux sociaux. La semaine précédente, un jeune de 16 ans avait déjà été arrêté à 120 km/h, sans lien avec un trafic, simplement pour “tester” les limites de son engin.
Ces vélos modifiés se vendent en toute liberté sur des plateformes de seconde main, parfois à des mineurs, sans réel contrôle. Pourtant, au-delà de 25 km/h, un vélo électrique doit légalement être considéré comme un cyclomoteur, avec carte grise, assurance et équipement obligatoire. Autant dire que la majorité de ces machines circulent dans une totale illégalité.
Une question de société qui interpelle Marseille
Derrière ce fait divers spectaculaire, une inquiétude grandit. Ces vélos débridés, utilisés pour fuir la police ou pour filmer des vidéos virales, représentent un risque réel pour la sécurité publique. Les forces de l’ordre craignent une escalade incontrôlable, tandis que les professionnels du deux-roues redoutent que le phénomène se banalise.
Dans les quartiers concernés, la question soulève déjà des débats enflammés. Certains y voient un symptôme de l’ingéniosité des trafiquants face aux contrôles, d’autres un signe dramatique du manque de régulation sur les ventes en ligne. Une certitude demeure : l’image de ce vélo lancé à plus de 130 km/h restera longtemps comme le symbole d’un basculement inattendu dans les rues de Marseille.
Sources :
La Provence
BFMTV


