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Licenciée sans indemnités pour être… arrivée trop tôt au travail


Une salariée croyait prouver sa motivation en arrivant chaque jour en avance. Elle n’imaginait pas que cette habitude, devenue routine, serait interprétée comme une faute grave. Entre incompréhension, choc et décision de justice inattendue, son histoire soulève une question dérangeante : peut-on vraiment être punie pour trop de ponctualité ?

Elle venait plus tôt que les autres. Trente minutes, parfois quarante-cinq. Dans son esprit, ce n’était ni un acte de défiance ni une volonté de bousculer les règles, mais une manière d’anticiper la charge de travail. Pourtant, au fil des semaines, ce geste censé rassurer a fini par semer le doute dans son entreprise de livraison à Alicante.

Les premiers avertissements ont été doux, presque préventifs. L’encadrement lui demandait simplement de respecter l’heure inscrite sur son contrat. Puis les rappels sont devenus écrits, plus insistants. Malgré cela, elle continuait à pousser la porte bien avant 7 h 30, persuadée qu’elle devait rester en avance sur tout. C’est là que la situation a basculé.

Une présence trop matinale, jugée inutile et perturbatrice

Dans l’entreprise, son rôle dépendait du travail d’autres collaborateurs encore absents à ces heures matinales. Arriver plus tôt ne servait donc à rien, disent ses supérieurs. Pire : cette présence hors cadre aurait créé une confusion dans l’organisation interne, une sorte de « faux départ » quotidien que la direction ne pouvait plus ignorer.

Lorsqu’elle se retrouve face au juge, elle défend sa routine, évoquant un volume de travail imposant, qu’elle disait impossible à gérer autrement. Mais aucune preuve concrète n’a pu appuyer ses affirmations. Cette absence d’éléments tangibles a pesé lourd dans la décision finale.

Le tribunal tranche : une faute grave qui casse la confiance

La justice espagnole a été claire : respecter les consignes horaires fait partie des obligations fondamentales du salarié. En persistant à arriver trop tôt malgré les avertissements, la travailleuse aurait rompu le lien de confiance, un pilier du contrat de travail. La décision est tombée comme un couperet : licenciement pour faute grave, sans indemnités.

Mais l’affaire ne s’arrêtait pas là. L’enquête interne a révélé qu’elle avait aussi utilisé sa signature électronique pour “badger” alors qu’elle avait déjà quitté son poste. Un détail en apparence technique, mais qui a renforcé le soupçon de manquement à l’honnêteté.

Cumulés, ces éléments ont dessiné l’image d’un comportement jugé incompatible avec les règles de l’entreprise. Pour le tribunal, ce n’était plus une simple question d’horaires, mais un problème de loyauté.

Une affaire qui interroge les limites de la ponctualité

Des salariés sanctionnés pour des retards, on en voit tous les jours. Mais pour un excès de ponctualité ? L’histoire fait réagir, tant elle bouscule les représentations traditionnelles du sérieux et de la motivation. Ce cas ne dit pas seulement qu’arriver en avance peut être mal perçu : il rappelle que, dans l’entreprise, l’intention ne suffit pas. Ce sont les règles, écrites ou non, qui définissent la frontière entre initiative et transgression.

En validant le licenciement, la justice pose un message clair : même la bonne volonté peut devenir fautive si elle dépasse le cadre fixé par l’employeur. Une conclusion qui laisse une part d’amertume… et beaucoup de questions.

Sources :

Información (Espagne)
Décision du tribunal social d’Alicante