Il est un peu plus de 20 heures lorsque les lourdes portes du centre pénitentiaire de Paris-La Santé se referment derrière une équipe de 90 agents mobilisés pour une mission exceptionnelle. Gérald Darmanin a ordonné, dans toutes les prisons du pays, une série de fouilles massives. Ce soir-là, c’est l’établissement le plus symbolique de France qui ouvre ses cellules aux enquêteurs. Un lieu où, il n’y a pas si longtemps, Nicolas Sarkozy lui-même avait été incarcéré, ajoutant une tension particulière à l’atmosphère déjà électrique.
Dans ce décor chargé d’histoire, 135 cellules vont être inspectées de fond en comble. Les détenus sont extraits, soumis à des contrôles corporels avant l’arrivée des équipes cynophiles. L’objectif est clair : retrouver tout ce qui n’a pas sa place derrière les barreaux. Personne, pourtant, ne semble prêt pour ce qu’ils s’apprêtent à découvrir.
Les stratagèmes ingénieux des détenus mis en lumière
Les agents progressent centimètre par centimètre. Une bouteille d’apparence banale attire soudain leur attention. “Ils fabriquent parfois des doubles fonds”, souffle l’un d’eux, presque admiratif devant les trésors d’ingéniosité déployés. Les premières trouvailles confirment ce qu’ils redoutent : le système est bien plus sophistiqué qu’il n’y paraît.
Dans une cellule, quatre téléphones surgissent d’une cachette invisible. Dans une autre, une quarantaine de grammes de cannabis. Rien qui ne soit totalement surprenant dans une prison française, et pourtant, l’équipe sent que quelque chose cloche. Ce pressentiment se confirme quelques minutes plus tard.
Une découverte qui glace les enquêteurs
Au milieu d’une chambre exiguë, des dizaines de plaquettes de médicaments s’accumulent au sol. Les policiers se regardent, incrédules. “Ce n’est pas possible d’en avoir autant”, lâche l’un d’eux, visiblement secoué. L’image frappe : cette “pharmacie” improvisée n’a plus rien d’un simple stock personnel.
Justine Gerbaud, porte-parole de l’administration pénitentiaire, le reconnaît elle-même : un tel volume ne peut provenir d’une seule ordonnance. Dans une prison théoriquement ultra-surveillée, et encore plus depuis qu’un ancien président y a séjourné, la question devient brûlante : comment un trafic aussi structuré a-t-il pu s’organiser sans être détecté ?
Une prise impressionnante, mais un malaise persistant
Au terme de quatre heures intenses, le bilan tombe : vingt-sept téléphones portables, cent trente grammes de cannabis, et une quantité de médicaments hors norme. Les responsables de l’établissement promettent des procédures disciplinaires. Une enquête administrative est enclenchée.
Mais derrière les chiffres, une inquiétude s’installe. Les syndicats parlent déjà de mise en scène politique. Certains dénoncent une opération plus médiatique que sécuritaire, tandis que d’autres y voient au contraire la preuve d’un laxisme installé depuis trop longtemps.
Dans la prison la plus emblématique du pays, où la classe politique a déjà posé le pied dans des circonstances exceptionnelles, l’affaire prend une résonance particulière. Et à mesure que les fouilles XXL se poursuivront dans d’autres établissements, une question s’impose : ce que l’on a vu à la Santé est-il une exception… ou un miroir fidèle du système pénitentiaire français ?
Sources BFMTV


