Il se voulait “normal”, discret, presque effacé. Pourtant, François Hollande refait parler de lui — et pas pour un retour politique. L’ancien président de la République, âgé de 71 ans, toucherait aujourd’hui plus de 15 600 euros nets de retraite par mois, selon les données révélées par plusieurs médias. Une somme qui fait grincer des dents dans un pays où la pension moyenne s’élève à 1 626 euros bruts mensuels, d’après le dernier rapport de la DREES.
Ce chiffre, confirmé par l’intéressé lui-même “par souci de transparence”, a relancé un débat brûlant : celui du cumul des retraites chez les anciens élus de la République.
Quarante ans de carrière… et des pensions à la hauteur
Député, président, membre du Conseil constitutionnel, magistrat à la Cour des comptes… François Hollande a consacré plus de quarante ans à la vie publique. Un parcours politique exceptionnel, mais aussi très lucratif une fois à la retraite.
En 2017, quelques mois après avoir quitté l’Élysée, il affirmait percevoir “autour de 11 à 12 000 euros” mensuels. Mais fin 2022, le montant avait grimpé à plus de 15 600 euros nets. Selon les calculs relayés par la presse, cette somme proviendrait de plusieurs sources : environ 5 500 euros pour son statut d’ancien chef de l’État, 6 200 euros pour ses années de député de la Corrèze, 3 500 euros pour ses fonctions passées à la Cour des comptes, et un peu plus de 200 euros liés à ses mandats locaux.
Un total qui, pour beaucoup de Français, symbolise un fossé grandissant entre les élites politiques et la réalité du quotidien.
“Le cumul des mandats n’est rien à côté du cumul des retraites”
La polémique a véritablement éclaté après la sortie du journaliste André Bercoff sur Sud Radio. S’appuyant sur ses propres estimations, il affirmait que l’ancien président percevrait ou touchera “près de 36 000 euros de retraite par mois”. Une somme que François Hollande a immédiatement démentie, assurant que ses revenus étaient bien inférieurs.
Mais la phrase d’André Bercoff, lancée avec ironie — “C’est pas magnifique ? Le cumul des mandats n’est rien à côté du cumul des retraites” — a suffi à embraser les réseaux sociaux. Entre indignation et sarcasme, les internautes ont réagi massivement, dénonçant une “injustice flagrante” à l’heure où la majorité des Français voient leur pouvoir d’achat s’effondrer.
Transparence, privilèges et malaise politique
Pour François Hollande, ces critiques seraient injustifiées. “Je n’ai pas d’ambition particulière, je n’ai rien à chercher, j’offre simplement mon engagement”, expliquait-il récemment, affirmant vouloir continuer à contribuer au débat public. Mais ses explications n’ont pas calmé la polémique.
Alors que le gouvernement vient de suspendre une réforme permettant à certains Français de partir plus tôt à la retraite, cette affaire tombe au pire moment. Elle met en lumière le décalage entre les pensions politiques et celles des citoyens ordinaires, relançant les appels à une réforme du système de retraite des anciens élus.
Une affaire symptomatique d’un malaise français
Ce n’est pas la première fois qu’un ancien président fait l’objet d’un tel débat, mais le cas Hollande résonne tout particulièrement. Lui qui a construit sa carrière sur l’image d’un président proche du peuple se retrouve désormais perçu comme un symbole de l’écart entre les promesses et la réalité.
Sur les réseaux, les commentaires fusent : certains ironisent sur son “exemplarité”, d’autres réclament une limitation des retraites cumulées des responsables politiques. Une chose est sûre : cette affaire, au-delà du scandale, met en lumière une fracture sociale et morale toujours plus profonde.
Sources :
Marianne – Rapport sur les retraites des anciens élu
