Il suffit d’un panneau, d’un virage ou d’une montée glissante pour faire basculer un conducteur d’une zone « normale » à un secteur où l’équipement hivernal devient obligatoire. Le retour de la Loi Montagne II, prévu du 1ᵉʳ novembre au 31 mars, agit comme une mécanique bien rodée… mais cette année, un détail soulève bien des interrogations : l’amende de 135 € brandie partout n’a, à ce jour, aucun décret pour l’appuyer.
L’histoire pourrait s’arrêter là, mais elle ne fait que commencer.
L’hiver s’installe : l’obligation aussi
Quand les premiers flocons approchent, les massifs français passent en mode vigilance. Alpes, Jura, Vosges, Pyrénées, Massif central et Corse réactivent le dispositif hivernal qui doit éviter blocages, accidents et véhicules immobilisés. L’objectif est simple, presque évident. Pourtant, l’application sur le terrain raconte une autre histoire.
Chaque préfet trace sa propre cartographie. Certaines communes sont concernées, d’autres non. Un trajet banal peut vous faire passer, sans prévenir, d’une zone libre à une zone sous obligation. Les panneaux bleu et blanc deviennent alors les seuls vrais repères. Ils annoncent l’entrée dans un territoire où pneus hiver, chaînes ou chaussettes ne sont plus une option.
C’est une règle connue des habitués des stations… mais beaucoup découvrent encore aujourd’hui qu’ils devront s’équiper.
34 départements, mais pas tous les habitants concernés
On parle souvent de départements entiers, mais la réalité est plus subtile. Dans les Pyrénées-Atlantiques, seules quelques dizaines de communes sont visées. Dans les Hautes-Pyrénées, certaines le sont entièrement, d’autres seulement sur une petite portion de leur territoire. C’est un puzzle précis, pensé pour s’adapter au relief, à l’altitude et aux épisodes neigeux.
Cette précision fascine autant qu’elle agace. Ceux qui vivent à la limite d’une zone peuvent changer de statut… en quelques minutes de route. Et pour beaucoup, c’est une source d’incompréhension, voire d’énervement.
Ce que doivent vraiment faire les automobilistes
La règle ne distingue ni professionnels ni particuliers. Voitures, utilitaires, bus, poids lourds : tout le monde est concerné. Les conducteurs ont deux solutions, simples en apparence.
La première consiste à rouler avec des pneus hiver ou quatre saisons homologués. La seconde repose sur le fait d’avoir, dans son coffre, des chaînes ou des chaussettes prêtes à être montées.
La nouveauté qui surprend encore ? Depuis 2024, seul le marquage 3PMSF fait foi. Le célèbre logo montagne + flocon devient la norme absolue. Les pneus M+S, longtemps tolérés, ne suffisent plus. Et contrairement à ce que beaucoup imaginent, deux pneus seulement ne garantissent pas la conformité. L’homologation s’entend toujours sur les quatre roues.
C’est l’un des points les moins connus et les plus piégeux du dispositif.
Le flou autour des sanctions : un sujet qui fâche
C’est l’information qui circule partout : 135 € d’amende pour ceux qui rouleraient sans l’équipement exigé. Une somme qui impressionne, qui fait peur, qui incite à se mettre en règle.
Mais sur le terrain, la vérité est tout autre. Le décret d’application qui officialise la sanction n’a toujours pas été publié. Résultat : les forces de l’ordre privilégient la pédagogie et la prévention. On vérifie les pneus, on rappelle les marquages, on informe, on conseille. La verbalisation, elle, reste théoriquement possible, mais pratiquement inexistante.
C’est cette contradiction – obligation bien réelle, sanction encore floue – qui alimente la polémique.
Une obligation qui reste, un doute qui persiste
Cet hiver encore, le dispositif s’applique pleinement. Les panneaux sont installés, les zones sont tracées, les règles sont actives. Mais la menace de l’amende qui a fait le tour des réseaux sociaux repose, pour l’instant, sur un texte qui n’existe pas officiellement.
Entre prévision, prévention et confusion, les automobilistes doivent avancer dans un paysage normatif mouvant. Un paysage où l’essentiel reste pourtant le même : éviter que les routes de montagne ne se transforment en pièges glacés.
Sources :
Loi Montagne II – Ministère de l’Intérieur
Informations publiques des préfectures
Règlementation 3PMSF – Organismes européens d’homologation
Données terrain et communications locales des forces de l’ordre


