Lors d’un safari au Kenya, un touriste espagnol se filme avec une canette de Tusker. Après avoir bu une gorgée, il verse le reste dans la trompe d’un éléphant. En légende, il écrit : « Juste une Tusker avec un ami à défenses ». La vidéo, devenue virale puis retirée, a suscité une vague d’indignation en ligne. L’épisode s’est déroulé au Ol Jogi Wildlife Conservancy (comté de Laikipia), qui a confirmé l’incident et l’a condamné avec force, parlant d’un comportement « inacceptable, dangereux et contraire à nos valeurs ».
Qui est Bupa ? D’un abattage au Zimbabwe à une vie protégée au Kenya
L’éléphant filmé s’appelle Bupa. C’est un mâle emblématique du centre de sauvetage d’Ol Jogi, rescapé d’un abattage massif au Zimbabwe en 1989, transféré ensuite au Kenya où il vit depuis des décennies au sein de la réserve.
« Cela n’aurait jamais dû arriver » : réactions de la réserve et des autorités
Auprès de la BBC, un membre du personnel du conservatoire résume le choc : « Cela n’aurait jamais dû arriver. Nous sommes une organisation de conservation ». Le Kenya Wildlife Service (KWS) a ouvert une enquête après la diffusion des images. Parallèlement, Ol Jogi indique avoir traité l’affaire en interne et renforcé ses mesures pour éviter toute récidive.
Un deuxième clip qui alimente le débat
Dans un autre extrait mis en scène par le même visiteur, on le voit donner des carottes à des éléphants, avec la légende : « Nous sommes à l’heure de la bière ». Ces publications ont depuis été supprimées, mais elles ont alimenté la colère des internautes et des défenseurs de la faune.
The elephant in question is housed in Ol Jogi, his name is Bupa, estimated to be over 40 years old. Wanaua mzee na pombe.
— brian obra (@just_obra) August 28, 2025
Peep the last paragraph on F2 🤦🏾♂️ pic.twitter.com/wTw0uLZL0b
Pourquoi ce geste est dangereux, selon les spécialistes
Pour la biologiste Dr Winnie Kiiru, « environ 95 % des éléphants au Kenya sont sauvages » : diffuser des images qui laissent penser qu’on peut les approcher et les nourrir banalise des comportements à risque pour l’animal comme pour l’humain. Au zoo de Zurich, le directeur Dr Severin Dressen rappelait en 2023 que l’ébriété animale peut entraîner une baisse de l’attention et une dégradation des réflexes, facteurs de danger.
L’« ivresse des éléphants » : mythe tenace, réalité scientifique
Les « éléphants ivres » à cause de fruits fermentés font partie des mythes les plus tenaces d’Afrique australe. Une étude de 2006 (Univ. de Bristol, Steve Morris et al.) a montré qu’un éléphant devrait ingérer plus de 1 400 fruits bien fermentés d’un coup pour atteindre une alcoolémie comparable à l’ivresse humaine — un scénario hautement improbable. Ces travaux restent la référence pour comprendre pourquoi ces scènes ne relèvent pas d’un « folklore inoffensif » mais d’un risque bien réel lorsqu’un humain administre de l’alcool à un animal.
À retenir
Cette vidéo n’est pas une « blague de vacances ». Elle heurte les règles de conservation, met l’animal en danger et envoie un mauvais signal aux touristes. La position des conservateurs est claire : ne pas nourrir, ni toucher, ni forcer un comportement chez les animaux sauvages — même ceux habitués à l’homme dans un centre de sauvetage.
Sources
Ol Jogi Wildlife Conservancy
The Independent
AfricaNews