Ce devait être un déjeuner en famille comme les autres, dans un lieu connu pour sa générosité et sa convivialité. Pourtant, pour Daniel Petit, retraité venu profiter d’un repas aux Grands Buffets de Narbonne, la surprise a été amère.
Accompagné de plusieurs proches et de deux bébés âgés de 9 et 18 mois, il découvre au moment de régler que chaque nourrisson est facturé 65,90 €, soit le tarif adulte. Aucun tarif enfant, aucune gratuité. Résultat : une addition de près de 400 € pour six personnes.
“On a eu l’impression d’avoir été eus, d’être tombés dans un piège. Rien n’indiquait clairement qu’il n’y avait plus de tarif enfant”, confie-t-il à BFMTV. Une situation d’autant plus difficile à avaler que les deux bébés n’ont évidemment rien consommé, restant simplement assis sur les genoux de leurs parents.
Le restaurant assume et se justifie
Face à la polémique, la direction des Grands Buffets a tenu à réagir. L’établissement, souvent présenté comme une référence gastronomique populaire, affirme que son règlement est clair et affiché depuis le 1er octobre : il n’existe plus de menu enfant ni de gratuité pour les plus jeunes.
Le président-fondateur du restaurant déclare au Parisien : “Nos clients sont informés. Tous savent qu’il n’y a plus de tarif réduit. Le buffet est unique, pour tous.”
Pour le restaurant, il s’agit d’une question d’équité et de simplicité. Le tarif unique serait appliqué à l’ensemble des convives, qu’ils consomment pleinement ou non. Une logique que certains comprennent, mais que beaucoup jugent inhumaine et disproportionnée lorsqu’il s’agit d’enfants en bas âge.
Les clients divisés entre compréhension et indignation
Sur les réseaux sociaux comme sur les plateaux télé, les réactions se multiplient. De nombreux internautes s’indignent d’un tarif jugé “absurde” ou “scandaleux”. “Payer 60 € pour un bébé qui n’a rien mangé, c’est honteux !”, s’emporte une cliente régulière interrogée par BFMTV. D’autres estiment que le restaurant aurait dû adapter ses prix ou prévenir plus clairement de ce changement.
Mais certains défendent le choix du restaurant, rappelant que le buffet reste un lieu libre d’imposer ses conditions, tant qu’elles sont clairement indiquées. “Quand on réserve, on sait où on va. C’est à chacun de décider si ça lui convient”, commente un autre client.
Une polémique qui relance le débat sur les lieux “no kids”
Cette affaire s’inscrit dans une tendance grandissante du monde de la restauration : la volonté de limiter ou d’encadrer la présence des enfants. Après les hôtels “Adults Only” et les espaces “No Kids”, certains établissements vont jusqu’à restreindre ou complexifier l’accès des plus jeunes.
Faut-il y voir une simple stratégie commerciale, ou une évolution des mœurs ? Pour beaucoup, cette pratique traduit un malaise sociétal : la difficulté croissante d’intégrer les familles dans des lieux considérés comme “haut de gamme”.
Et si demain, manger en famille devenait un luxe ?
La réputation des Grands Buffets en jeu
Les Grands Buffets de Narbonne ont toujours cultivé une image d’excellence et d’abondance, symbole d’un savoir-faire français accessible. Mais cette polémique vient écorner cette image. Sur les réseaux, le hashtag #GrandsBuffets se transforme en défouloir, certains appelant même au boycott du restaurant.
Malgré tout, la direction campe sur ses positions. Pour elle, cette nouvelle politique tarifaire est claire, transparente et assumée. Mais du côté des clients, le sentiment d’injustice demeure.
Car au-delà du prix, c’est une question d’éthique qui se pose : peut-on décemment faire payer un bébé qui ne mange pas ?
Sources :
BFMTV, Le Parisien, Midi Libre


